
Vendredi 3 juillet sur Belle Isle, un peu plus d’un siècle après sa création, le salon de musique de la Villa Laurens a été présenté au public, venu nombreux découvrir l’aboutissement de plusieurs années de restauration, marqué par la présentation de la commande publique d’art contemporain signée par le duo d’artistes Ida Tursic et Wilfried Mille.
Que ce soit du côté des représentants de la Ville d’Agde, de la Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée, de la Région ou de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon, tous ont été unanimes pour saluer la qualité du travail réalisé et la réussite du projet, qui marque une première étape importante dans la restauration de ce joyau Art nouveau.
Aujourd’hui est lancée la résurrection de Belle Isle
Comme l’a souligné le premier Yann Llopis, Maire de Montagnac et Vice-Président de la CAHM délégué à la Culture, “aujourd’hui est lancée la résurrection de Belle Isle ; le salon de musique ouvre ses portes. Un siècle après Emmanuel Laurens, vous allez enfin revivre, l’espace d’un instant, cette émotion première, cet esprit jamais trahi dans cette magnifique mais patiente restauration. Un siècle après Emmanuel Laurens, alors que vous mettrez vos pas dans les siens, s’ouvriront les mémoires enfouies de la Villa”.
Un bel hommage contemporain à la Villa Laurens
De son côté, Christine Antoine, Adjointe au Maire d’Agde et également Vice-Présidente de la CAHM en charge du Patrimoine, a rappelé la genèse du projet et expliqué la démarche des artistes. “La Villa Laurens a fait l’objet, depuis plusieurs années, d’un programme de restauration qui s’est porté plus parti- culièrement sur le salon de musique. La CAHM, en partenariat avec la Ville d’Agde, propriétaire de cette Villa classée depuis 1998 au titre des Monuments Historiques, a souhaité faire appel à la commande publique d’une œuvre d’art pour accompagner la restauration. Cette commande marque notre volonté de placer la création contemporaine au cœur de la ville d’Agde et de notre territoire et porte sur le rem- placement des 11 peintures du salon. En effet, sous l’action du temps, ces panneaux de toiles peintes monumentales présentaient un état lacunaire important. S’est alors posée la question de leur remplacement. La réflexion engagée par l’Agglomération s’est portée sur la possibilité de confier à un artiste contemporain la création d’une œuvre pouvant venir s’inscrire dans ces espaces laissés vacants et, sous l’impulsion de la Conservation Régionale des Monuments Historiques, l’Agglomération a pris contact avec le service des Arts plastiques de la DRAC pour lancer un concours d’art contemporain. Nous avons eu à nous interroger sur ce qui avait inspiré Emmanuel Laurens pour réaliser la Villa et à comprendre la nature de son engagement envers les courants artistiques des années 1900. Dans ce contexte, l’intervention d’un artiste contemporain pouvait réinterpréter le rapport entre patrimoine et création contemporaine et être une occasion de renouer aujourd’hui un dialogue entre l’avant-garde et le patrimoine Art nouveau.
Suite à un cahier des charges établi par l’Agglomération à l’attention des artistes, tenant compte des caractéristiques architecturales et décoratives de l’auditorium, un Comité de Pilotage a été constitué, comprenant les acteurs du patrimoine, des Monuments Historiques et des arts plastiques. Un appel public à concurrence a été publié le 29 mai 2013 auquel 35 artistes ou équipes artistiques ont répondu et selon les critères du Comité de Pilotage, 4 artistes ont été auditionnés le 20 novembre 2013. Ils ont présenté leurs intentions artistiques et la faisabilité technique de leur projet. L’œuvre des artistes Ida Tursic et Wilfried Mille a été retenue. Leur projet, qui s’intitule «Blow Up», comprend 11 panneaux de bois peint et sérigraphié, sur lesquels, en filigrane, motifs floraux et motifs picturaux révèleront ou cacheront des images du XXème siècle. Ils y ont vu une possibilité de créer un dialogue avec les aspirations d’une époque, la réalité d’un lieu qui, un siècle plus tard, acquiert une nouvelle beauté héritée à la fois d’Emmanuel Laurens, de l’histoire de France et des avant-gardes européennes des années 1900. Ce lieu où tout est histoire et passion, chargé de motifs de couleurs, a amené les artistes à opter pour une composition claire et graphique, essentiellement traitée de noir et de blanc sur des panneaux de bois enduits de multiples glacis créant des transparences qui absorbent le regard. Pour ce programme décoratif, Ida Tursic et Wilfried Mille s’appuie sur l’image clé du film “Blow Up” de Michelangelo Antonioni, pour recréer un paysage à 360°”. Pour finir, Christine Antoine a remercié les artistes. “Grâce à cette admirable réalisation, vous redonnez un nouveau souffle hautement décoratif à ce salon de musique. C’est un bel hommage contemporain à l’esthétique Art nouveau de la Villa Laurens et je vous en remercie”.
La Région continuera à vous aider à réhabiliter ce lieu remarquable
En sa qualité de Vice-Président de la Commission Aménagement du Territoire, au sein du Conseil Régional, Frédéric Lopez a pour sa part remercié l’ensemble des personnes ayant travaillé sur la restauration de la Villa, non sans avoir rappelé que la Région avait accompagné plusieurs étapes de sa réhabilitation : “l’aménage- ment des petits appartements par le biais d’une subvention de 44 000 euros et la réhabilitation de la couverture du salon de musique par une subvention de 50 000 euros. Sachez que nous allons continuer à vous aider afin de poursuivre la réhabilitation de ce lieu, l’un des rares exemples régionaux d’Art Nouveau et remarquable notamment par ses décors peints”.
Les élus ont osé un pari réussi
Le Direction Adjoint de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) Languedoc-Roussillon, Bruno Tourre, a pour sa part remercié ses équipes ainsi que “tous les acteurs et élus, qui ont osé ce pari réussi. Il y a eu en effet une longue réflexion sur le fait de restaurer ou non les peintures, qui étaient fortement dégradées ; un jour peut-être car en matière de patrimoine, rien n’est jamais définitif. Aujourd’hui marque une première étape dans la restauration de la Villa Laurens puisque tout le reste du bâtiment est encore à restaurer. L’Etat sera, via la DRAC, à vos côtés pour poursuivre cette opération”.
Un investissement de 1,9 million d’euros pour restaurer le salon de musique
Concluant les discours, le Maire d’Agde, et Président de l’Agglomération Gilles D’Ettore, accompagné de son Premier Adjoint et Conseiller Départemental, Sébastien Frey, et de son Adjointe à la Culture, Yvonne Keller, a tenu à “remercier tous nos partenaires dans cette magnifique aventure que nous propose la Villa Laurens. En premier lieu, je voudrais remercier la DRAC et ses équipes, qui ont travaillé remarquablement bien avec celles de la CAHM. Vous avez d’ailleurs publié un ouvrage sur la Villa Laurens, qui montre tout l’in- térêt que l’Etat et sa Direction Culturelle porte à cet édifice. Ensuite, je voudrais remercier les artistes Ida Tursic et Wilfried Mille, qui ont sublimé dans l’art contemporain ce salon de musique. Au-delà de leur travail, c’est l’ensemble du salon qui a été restauré : les peintures du plafond, mais aussi les boiseries et les vitraux, autant de joyaux que vous pourrez admirer ; le résultat, vous le verrez, est exceptionnel. Emmanuel Laurens, qui nous appelle au voyage au travers de cette Villa, vous permettra de voyager avec lui. Chaque année, l’Agglomération, avec le concours de l’Etat, de la Région et du Département, avance dans la restauration de cet édifice puisque ce sont 60 % de subventions, dont 40 % de la DRAC, qui nous permettent de réaliser ces travaux colossaux. 1,9 million d’euros a déjà été mis dans le salon de musique. C’est pourquoi je tenais à vous remercier tous au nom des Agathois, qui sont très attachés à la Villa Laurens”.
Après le couper de ruban, les personnes présentes ont pu découvrir le salon. Une découverte qui s’est prolongée, la semaine suivante, par cinq matinées portes-ouvertes du 7 au 11 juillet, afin de permettre au plus grand nombre d’admirer le résultat. Une présentation de la commande publique d’art contemporain, complétée par une exposition des trois projets non retenus, vous sera proposée à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, en septembre prochain.