Nuits argentiques et transistors

  Exposition de photographies de Jean Cazelles

 

À la croisée du hasard et de l’inspiration, les photographies “sur-réelles” de Jean Cazelles s’inscrivent dans la suite d’une démarche créatrice au très long cours, intitulée “Méprises & Faux-semblants” ; l’attente espérée des fusions et antagonismes les plus divers qui la composent y est essentielle.
S’ensuit un traitement chimique et spécifique aux sels d’argent, faisant la part belle à l’unicité qui en découle, à la profondeur des noirs et à la matière-lumière où s’entremêlent librement les jours et les nuits.

“Les réseaux sociaux, comme Facebook ou Instagram, permettent de voir des photographies que l’on n’aurait jamais rencontrées. Encore faut-il en prendre le temps. Encore faut-il ralentir le “scrolling” de l’index sur la surface du “smartphone”. Pour beaucoup d’images, la rapidité du défilement n’est pas gênante : on reconnaît de quoi il s’agit, on apprécie le degré de maîtrise des codes de la belle photographie, cela va très vite, et on like... ou pas.
Pour d’autres, en revanche, un arrêt est vraiment nécessaire. Elles demandent du temps et, lorsqu’on le leur accorde, elles s’en emparent. On ne les voit plus, on se met à les regarder.
Peut-être qu’un peu d’écriture permet de produire cet arrêt, il semble en effet que, par habitude, on “scrolle” moins facilement un texte. Alors, voilà, ces quelques lignes parlent des photographies de Jean Cazelles.
Pour bon nombre, elles se tiennent au croisement de l’irréel et de la réalité.
La poésie des ombres, des gris plus ou moins charbonneux, des lumières qui tranchent ou qui s’estompent mollement, des lignes de contraste, des recoins masqués et des dévoilements, d’un côté ; de l’autre cette toute petite part de “chose réelle” : une bâche de plastique, un fil de fer, un gravât et puis la glèbe du Rouergue, les ruines de la mine...
Celui qui regarde se tient là, au carrefour et son regard est pris, saisi, emporté dans l’imaginaire photographique, un peu comme Robert Johnson au carrefour du blues.
Dans d’autres photographies, comme celles qu’il vient de créer à partir d’une carte à puce, Jean Cazelles franchit un pas de plus : il convoque le surréalisme, cet art dont André Breton s’était fait le héraut et qui dit que ce que l’on tient pour réel ne l’est pas, qu’il est superficiel et qu’il faut aller chercher la sur-réalité, la réalité véritable.
Car que voyons-nous ? Une carte à puce ? Réellement ?
Non, nous voyons un monde que l’électronique ordonne, dont elle impose les horizons, la géométrie, les lieux visibles et ceux qui doivent rester dans l’ombre, le haut le bas et la glèbe du silicium. Et telle est bien la sur-réalité, la réalité véridique. La photographie de Jean Cazelles, comme l’art d’André Breton, affirme ici sa dimension politique, car la poésie réelle est nécessairement politique.
Voilà, alors, à l’heure où le physicien demande une révolution poétique, ce petit texte voulait juste dire qu’il est réellement nécessaire d’arrêter le “scrolling” et de regarder les photographies de Jean Cazelles”.

Marc Tamisier, philosophe
et docteur en esthétique des arts, 2022

 

  Vernissage, vendredi 14 avril à 18h30



  du mardi au samedi, 10h00-12h00 et 14h00-18h00
  entrée libre


 

Exposition "Art sacré, Art Profane" / DACAgde novembre2022

 



Lieu
ESPACE MOLIÈRE
PLACE MOLIÈRE
34300 AGDE
Tarif
gratuit
Renseignements