Adrien Vidal Maire d'Agde de 1890 à 1892

Adrien Vidal est né le 28 octobre 1829 à Agde. Il y décèdera le 15 janvier 1915 à l'âge de 86 ans. C'est le fils de Raymond Vidal, lui-même Capitaine de navire et de Marguerite Martin. C'est une grande famille agathoise où les professions maritimes sont omniprésentes et en toute logique il sera lui-même Capitaine au long cours. Il épousera Anne Marie Amiel le 10 décembre 1858 avec laquelle il aura 5 enfants : Henri, le 15 avril 1862, Clémence, née le 8 octobre 1863 et qui décèdera le 20 novembre de la même année, Emmanuel, le 14 septembre 1866, Marguerite, le 7 avril 1871 et Jean qui naîtra le 2 août 1876.

Dès la révocation d'Armand Romieu de Portal à partir du 9 avril 1890, Adrien Vidal est déjà « Premier adjoint faisant office de Maire ». La mort de 3 Conseillers et la démission d'un quatrième provoquent des élections partielles le 18 mai 1990 et c'est ainsi qu'après l'installation d'Adolphe Bergeron, de Jean-Pierre Blayac, d'Antoine Pouget, et de Jean Pierre Gayrard qu'il est élu officiellement au poste de Maire le 31 mai 1890, par 15 voix contre 8 à François Flourens, chef de file d'une opposition qui s'était déjà faite remarquer et qui brillera durant la première année de cette mandature par son absence quasi systématique des débats, puis vers la fin du mandat, par des échanges verbaux intenses. Ainsi le ton monte, le 4 août 1891 et le Conseiller Raoul se plaidra à la séance suivante d'insultes « qui lui ont été prodiguées au sortir de la séance ». Cela recommence le 7 septembre 1891, au point que le maire doit faire évacuer le public présent qui prend partie dans les débats municipaux « les uns criant (bravo), les autres (à bas) ». Durant le vote sur la nouvelle école laïque des garçons, « Mr Gayrard se retire et quelques minutes plus tard MM. Pouget, Bergeron et Blayac Pierre le suivent successivement ». Le 10 octobre 1891, Pouget interpelle le Maire sur l'emploi de 25 soldats afin de remettre en état le Chemin de Rochelongue et pour lequel des pierres ont tardé à être commandées, ce chemin appartenant au département dont le conseiller pour Agde M. Salva est dans l'opposition. Pouget déclare qu' « il ne voit dans ce retard qu'un parti pris de contrarier M ; Salva » Le Maire lui rétorque qu' « il (M . Pouget) fait de la réclame électorale et qu'il ouvre une discussion qui peut avoir sa place dans une réunion électorale, mais non dans une séance du Conseil ». En février 1892, le même Conseiller réagit sur la question des droits de place qui, s'ils avaient été privatisés auraient donné « du travail aux ouvriers ». (Ce service avait été repris depuis peu par la ville face au peu de résultats financiers de l'adjudicataire). Le registre des Délibérations Municipales précise que Pouget « en appelle au peuple et dit qu'en autres, les ouvriers crevaient de froid et de faim, pendant que le Maire avait les pieds chauds et le ventre plein ; à ces mots la manifestation annoncée depuis la veille éclate on crie, on chante ; le Président ordonne l'évacuation ». Par la suite Pouget protestera contre cette dernière inscription sur ce même registre et dont le Maire « prendra note ». C'est un mandat court, deux ans, pendant lequel il les dossiers principaux sont centrés autour de la construction de l'école des garçons, des suites de la construction de la Caserne Mirabel et du quartier autour de cette dernière. Agde est une ville qui compte, au recensement de 1891, 7378 habitants, 1292 maisons et 2180 ménages….

L'Asile Victor Lachaud : enfin l'ouverture

Le 6 juin 1890, peu après l'élection municipale, le Conseil Municipal autorise enfin, en accord avec le Sous-Préfet, « M ; le Maire à prendre possession du legs Lachaud, dans les conditions prescrites dans le décret du 3 août 1886. Rappelons ici que Victor Lachaud est mort le 5 janvier 1882, soit près 10 ans plus tôt. Il est même permis à la ville de « prendre les mesures judiciaires et de droits nécessaires pour mettre au plus tôt la ville et par la suite l'Asile Victor Lachaud en possession des biens et valeurs qui lui reviendraient de la part de la succession Lauchaud ». Sont ici visés plus particulièrement l'ancien Maire décédé depuis peu, Armand Romieu - qui était nommément cité dans le testament en tant que légataire universel mais pas pour sa fonction de Maire, ce qui aurait qui aurait permis une transmission de la charge au Maire suivant - et les héritiers Lachaud dont certains ont entamé de nombreuses démarches pour contester l'acte notarié. Parmi les débiteurs de Victor Lachaud se trouve la ville pour la vente par le philanthrope de la Chapelle des Pénitents Gris (bâtiment qui se trouvait entre les halles actuelles et l'église Saint-André), soit 8000F dont, à l'exemple de toutes les valeurs du testament, 1/8ème sera versé aux héritiers, 7/8èmes à la ville. Cette dernière, quant à elle, rachètera, en mars 1891, le 8ème aux héritiers pour ce qui concerne les biens immobiliers comme le bâtiment de l'Asile lui-même. L'hospice Victor Lachaud ouvre enfin ses portes le 1er octobre 1891. Durant les premières années de l'asile, l'essentiel du budget est consacré aux biens d'équipement : pharmacie, assurance, lessive, pendules réveils, rideaux, bancs chaises ustensiles de repassage, lingerie, sonneries électriques, équipement du cabinet du médecin, mais aussi aux réparations du bâtiment balustrades portes, persiennes, plâtre marbre, etc, et surtout 1700 F par an pour les quatre sœurs de la congrégation de Saint-Vincent de Paul chargées du service hospitalier et dont le traité est signé en septembre 1891. En février 1892, le Conseil d'Administration demande l'autorisation d 'ouvrir au culte la chapelle de l'établissement « vu l'impossibilité où se trouvent la plupart des pensionnaires âgés pour de longues courses surtout en hiver » (en ces temps, là courses signifiant trajet) et dont la bénédiction interviendra le 27 juin 1892 peu de temps après que, le Mercredi 27 mai 1891, le corps de Mme Lachaud ait été transféré à la chapelle de l'Asile où repose le corps de son mari et ce, en présence de M. Guéret, liquidateur judiciaire de la succession, du Maire Adrien Vidal, et de l'Abbé Garrigues, curé de St- Sever qui a donné l'absoute.

Dans un domaine plus financier, le Conseil d'Administration veille au grain. Ainsi il « demande l'autorisation à M. le Préfet d'intenter des poursuites en responsabilité contre les héritiers Romieu ou toutes les personnes qui, par leur négligence ou leurs fautes auraient compromis la rentrée de diverses créances ». Pour mémoire, Armand Romieu, l'ancien Maire, était le légataire universel. Il en est de même contre « les héritiers Lignon en remboursement d'une somme de 65 000F perdue par la faute de Maître Lignon notaire ». La ville, au travers du Conseil d'Administration commence à réellement gérer ce legs. Ainsi les revenus d'affermage des terres seules rapportent-il déjà 8783,20F par an à partir de 1891.

Pour ce qui est de l'Hôpital Saint-Joseph, qui servait d'hospice, « dès l'ouverture de Lachaud, on évacuera sur le dit asile, les vieillards des deux sexes qu'il pourra contenir et l'économie réalisée par ce transfert sera retenue sur la subvention que la ville accorde à l'hôpital ». Celui-ci vit ses derniers mois en tant qu'hôpital, de toute manière, la ville aura d'autres projets pour ce bâtiment devenu obsolète…

Un projet de groupe scolaire laïque

La Loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne sera votée qu'en 1905, mais déjà et particulièrement sous la pression de l'opposition, ressort le projet d'une école laïque. Devant l'état déplorable des écoles agathoises, pour l'instant religieuses, c'est même un projet de groupe scolaire qui voit jour. En septembre 1891, il est prévu d'occuper le bâtiment qui servait de crèche mais aussi de caserne aux militaires devant déménager et où « l'on peut facilement établir 6 classes convenablement éclairées et aménagées. C'est pourtant en décembre 1891, après le déménagement de l'hospice Saint-Joseph vers l'Asile Lachaud que naît l'idée de créer ce groupe scolaire dans l'ancien hospice, et ce d'autant plus qu'une maison contiguë connue « sous le nom de moulin à huile » que la ville tente sans succès d'acheter à Mme Carriès depuis 1860 est enfin disponible au prix de 4000F « pour la démolir et ouvrir la rue de la Charité afin d'assainir les rues basses qui sont très humides et très malsaines ». « La rue projetée aboutira à la rue Nationale et traversera une partie des jardins de l'hôpital sur lequel est prévu le groupe scolaire avec « 4 classes au premier étage et quelques classes au rez-de-chaussée, sauf que budget prévu de 3000F pour l'installation se verra gonflé au fil des travaux non prévus car il faudra « intercaler une série de poutres en fer » pour solidifier les planchers et « la présence de caves au dessous du plancher que l'on croyait établi sur la terre ferme nous a obligé à construire les fondations (…) de l'escalier en même temps que le dit plancher à du être lui aussi consolidé (…) plus divers autres travaux (parquets, peintures mures,…) ». Total : 6094,76 F en plus pour 5 classes et 2 maternelles. Par la suite on achètera pour 246,10F divers matériels : bouliers, tableaux, compas, mètres, décamètres, boussole, carte de l'Hérault, tableau de l'histoire de France, méthode de lecture, nécessaires au bon fonctionnement. Le 1er novembre 1891, ce sont déjà 110 élèves qui sont inscrits.

Caserne Mirabel : « déménagement attendu courant 1892… »

Jusqu'alors le cantonnement des militaires en Agde est situé sur deux lieux. Le premier est une partie de l'évêché sur la partie comprise actuellement entre la Galiote et le café du Commerce, L'autre est un bâtiment que la perception actuelle remplace. Les services annexes, comme les écuries, sont disséminés à travers la ville au gré des lieux vacants. Par ailleurs, la ville accueille périodiquement des militaires pour des exercices de tir comme du 2 au 10 juillet 1890, et pour laquelle elle paye des frais d'accueil, « le bois pour la cuisson » ou « la paille ou pour le coucher » pour 500 hommes et le logement pour 80 officiers. En juin 1891, ce seront 1057 militaires qui viendront en Agde accompagnés de leurs 595 chevaux et de 74 voitures. Comme a chaque venue, c'est aussi pour les agathois une fête populaire avec la musique du 17ème d'Infanterie auquel assiste « la foule immense. Toute la ville suivait le cortège ».

En attendant, l'ouverture de la nouvelle caserne est encore repoussée, les travaux ayant pris du retard, les frais courent. Ainsi, « dans la pensée que le casernement neuf serait complètement terminé en 1891, vous (le Maire) n'avez prévu aucun crédit au budget de l'écurie des chevaux des officiers de la garnison », soit 150 F à trouver. Les Militaires rajoutent des demandes comme la création d'un stand de tir « dans une des parties du terrain militaire avoisinant les champs de manœuvres », soit 2000F prévus. La ville ayant finalement obtenu le Casernement de 500 hommes au lieu de 250, la caserne est donc doublée et le 27 janvier 1891, le Conseil Municipal approuve une annexe à la convention du 26 décembre 1887, liant la ville au Ministère de la Guerre et dont le point principal est le supplément des frais de la construction de 200 000 F. Le 14 avril 1891 est signé un avenant à la convention du 26 décembre 1887, liant la ville au Ministère de la Guerre et dans lequel « la ville s'engage à étendre à la seconde moitié de la garnison le bénéfice des clauses spécifiées dans les articles (…) de la convention ». En conséquence, la ville étant aussi tenue de viabiliser les abords de la caserne, c'est 30 000F qui sont prévus dans ce quartier pour le pavage des rues où paradoxalement « les bouches d'arrosages pour leur assainissement » sont la cause des « cloaques où l'eau, saturée du résidu des immondices, croupie et rend ce quartier insalubre ». Le coût du champ de tir supplémentaire passe de 2000F à 10 000F. Devant ces frais le Maire ne peut qu'emprunter les 240 000F nécessaires sur 30 ans auprès du Crédit Foncier de France à 4,15%. Cela ne sera pas trop lourd pour la commune car un prêt que la commune paye 15 900F par an arrive à échéance en 1892 et le remboursement du nouveau ne sera que de 14 144,98F / an. Et en attendant la conclusion de ce prêt, on repart de plus belle avec les frais non prévus de ce dossier : intérêts sur 3 ans : 863.64F ; condamnation de la ville à verser à la Caisse des Dépôts et Consignations au compte de la Veuve Deshouillers 4950 F et à la Veuve Courcoural 1100 F pour des expropriations ; 150F pour le champ de manœuvre, perte de récoltes à M . Raynaud : 10 798,60F ; intérêts de 524 F pour retard de paiement à M. Roger ; expropriation Décor et Garnier : 2000F. Le 2 septembre 1891, la ville met en adjudication la construction de l'extension et après une pause, les frais repartent de plus belle. Le réseau d'égout, « l'aqueduc », se révèle trop court de 60 m et « se trouve 40 cm plus bas que le Merdanson (qui est un ruisseau traversant la ville jusqu'à l'Hérault) dans lequel il est sensé se jeter. Il faudra donc approfondir ce fossé sur une longueur de 45 m. Total des travaux : 1537,50 en plus des 3250F prévus. En décembre le Cercle des Officiers s'installe place de l'évêché pour 450F/an payé par la ville conformément à l'avenant de la convention. Puis c'est au tour de l'enlèvement des tinettes de la caserne, non prévu dans le traité avec le délégataire de ce service : 500F de plus, puis les canalisations : 287,09F en supplément. Le 29 août 1891 le Maire annonce : « notre garnison (le 17ème d'Infanterie auquel les habitants sont très attachés) quittera la ville le 20 septembre pour se rendre aux manœuvres. Elle sera remplacée par le Bataillon complet du Commandant Jeudy qui sera logé, moitié à la nouvelle caserne, moitié à l'ancienne », puis, le 1er novembre de la même année : « Le Ministre vient de déciser que le 17ème d'Infanterie ira tenir garnison à Rodez. Il sera replacé à Agde et à Béziers par le 81ème de la même arme ».

Voirie et urbanisme

Dans ce domaine, et alors que son élection date du mois de mai, sa mandature commence par les conséquences d'une mise en demeure du Préfet du 25 mars 1890 de faire les travaux des chemins vicinaux et dont n'a pas tenu compte le maire précédent. Ceux-ci étaient prévus, l'argent versé, mais n'ont pas été exécutés. C'est ainsi 20 357,08F qui sont dépensés. Toujours en ce qui concerne les voies existantes, les inondations des 21 et 22 septembre 1890 ont ruiné celles du secteur des Verdisses. Aucun budget n'ayant été prévu pour cette dépense la seule solution pour les remettre en état est de demander une subvention de 1900F à l'Etat. Par ailleurs le Conseil Municipal demande « le classement de la route de Marseillan en Route Nationale, fermant le prolongement de la RN 87 de Lyon à Béziers par Mèze et le prolongement de la RN 112 Toulouse - Agde ». (Pour mémoire, la route entre Agde et Sète par le bord de mer n'existe pas encore). Enfin, un Chemin Vicinal de Grande Communication est créé depuis Agde jusqu'à Florensac, ce qui coûtera à la ville 1239F pour l'achat des terrains et 619,50F pour les travaux, soit 50% de la totalité dont l'autre partie est financée par Florensac.

Le 7 juin 1890, le réservoir de la Promenade est enfin détruit et on commence le remplacement par un bassin avec « vasque en pierre de taille et gerbes d'eau pour orner cette partie de la Promenade ». Cette disparition « permettrait un prolongement jusqu'à l'escalier pour un coût de 3500F, fontaine comprise ». Comme souvent, le prix est ensuite revu à la hausse une fois les travaux effectués. La cascade en fonte passe en roche volcanique et le basin en pierre basaltique, soit 260F de plus. C'est aussi à cette époque, en mars 1891, que sont plantés les platanes qui l'ornent désormais. Le mercredi 26 août, « on a fait jouer pour la première fois les eaux dans le nouveau bassin de la Promenade ».

Mais les plans majeurs touchent à deux quartiers : celui de l'Asile Victor Lachaud et celui de la nouvelle caserne, que la ville est obligée de traiter par la convention avec le Ministère de la Guerre : « Après l'achèvement des nouvelles casernes, il m'a paru utile que cet édifice militaire fût relié à la ville par un plan d'acheminement des rues à percées offrant toutes les garanties de salubrité en même temps qu'agréable à l'œil ». Mais la mise en adjudication pour leur réalisation ne trouve pas preneur. Le tarif est revu à la hausse pour le « macadamisage (…) avec une largeur de 6 m environ » soit 30 000F. Dans le même temps, un alignement des rues est mis en place.
Pour ce qui est de l'Asile Lachaud, il est prévu unes rues et un assainissement des abords.

L'eau : nouvelle turbine, nouveaux quartiers et nouveau réseau d'Agde au Grau

Les investissements se poursuivent avec la mise en chantier de la nouvelle turbine alimentant la ville. Celle-ci occasionne aussi des frais annexes car en novembre 1890 on consacre 1289,80F pour l'achat des grilles, tubes, boulons barreaux en fer et panneaux latéraux. Par ailleurs, lors de l'installation des turbines elles-même qu'on se rend compte qu'il « y avait beaucoup d'omissions dans l'estimation première». Le rapport de l'ingénieur marque la difficulté du travail. « La préparation du puits de la turbine a nécessité la démolition et la reconstruction de toutes les maçonneries intérieures, travail fait en partie dans l'eau, malgré les batardeaux faits en rivière et dans les canaux d'amenée. Les plafonds de la turbine étant 0,40 plus bas que le plafond de l'ancien canal de la roue Poncelet, il a fallu creuser d'autant le canal de fuite sur presque toute sa longueur au moyen de la mine et de nombreux barrages souterrains. La pompe à incendie aspirante qui suffisait au début des travaux n'a plus suffit pour arriver à la profondeur voulue, (…) et on a du la remplacer par une pompe Dumont actionnée par une locomobile ». « On a omis la vanne et son cadre en chêne, le cadre en chêne pour le support du distributeur, les planches et trappes intermédiaires. » « Il faut aussi comprendre dans la dépense l'installation provisoire de la machine à vapeur qui a assuré l'alimentation de la ville ». Si le travail est plus difficile, la notes est plus salée. C 'est ainsi que 6188,26F supplémentaires seront consacrés à l'alimentation en eau douce de la ville.

Au Grau d'Agde, le problème est urgent. « Depuis que l'eau des puits est devenue salée, le Grau est entièrement privé d'eau potable et ce manque d'eau entraînera la ruine complète de tous les établissements de cette station balnéaire ». Le 4 juin 1891, un traité avec M. Deront est signé concernant la fourniture d'eau dans ce quartier. Il propose de d'établir en deux mois une canalisation depuis le réservoir de la Glacière à Agde, par le bas de la Promenade, le quai du Chapitre, la Grand'Rue, le Chemin Vicinal longeant l'Hérault, Notre-Dame, puis vers la plage du Grau, soit « 4800m de tuyaux en fonte de 100mm, 600m de tuyaux en fonte de 50mm pour desservir N-D du Grau et l'abattoir, 3 bornes fontaine, 2 robinets vanne en fonte de 100mm et 2 de 50mm et 2 regards en maçonnerie ». Montant des travaux est estimé à 30 000F et à expiration des 20 ans le réseau deviendra propriété de la ville qui devra, en attendant, s'acquitter d'une redevance annuelle de 2700F. Le prix pour les particuliers est fixé à 50cts/m³ + 20F par an auquel s'ajoute « 3,75F par ménage ou chambre à louer ». En attendant des essais de nouveaux forages de 9m dans « le bassin du château d'eau » sont mis en place afin «d'avoir de l'eau potable en temps de crue » et pour 360F dès janvier 1891 auxquels s'ajouteront 650F en avril 1892, car il faudra creuser plus profond encore.

Le 17 juin 1890, le bassin de la Promenade est détruit et conformément aux plans, c'est celui de la Glacière qui devient prépondérant dans la distribution d'eau du Centre Ville. Ce dernier étant plus élevé de 3 mètres, il « permettrait d'accorder des concessions aux 2è et 3è étage des maisons (du centre-ville) à hauteurs desquels l'eau ne peut actuellement s'élever » Ce système pourra laisser espérer de nouvelles prises de concessions et « donc donner à la ville un revenu de 2000F au moins ».

Par ailleurs, et pour alimenter les nouveaux quartiers, un autre bassin de 2000 m³ est élevé à la caserne. C'est à cette époque que les nouveaux habitants de ce quartier réclament eux-aussi l'eau courante, ce qui leur sera accordé moyennant 100m de canalisation pour un montant de 700F. Puis, c'est au tour de l'Asile Victor Lauchaud d'être alimenté en août 1891. Enfin c'est le quartier de la Gare qui reçoit l'eau courante grâce à un financement de 50% des 800F par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi qui souhaite installer une borne dans la cour de la Gare. C'est aussi la période où repart l'installation des bornes fontaine que pourtant l'ancien Maire Romieu avait combattu à cause de leur coût : Chemin du Cimetière, rue de la Cosse Prolongée, rue Brescou Prolongée, rue Saint-Julien Prolongée, rue du Peyrou, Montée de Joly, Plan de M. Roux,…

L'éclairage public

Le Conseil Municipal décide l'éclairage de la Route de Bessan, sur la portion entre l'Hérault et l'écluse ronde, et le quartier de la nouvelle caserne y compris les rues et accès voisins : « Il est résulte un excédent de 5 km de câbles et fils donnant lieu à une dépense de 3000F », mais aussi un surcoût des dépenses de 2500F par an pour 140 lampes « à éclairer toute la nuit ». En décembre 1891, c'est au tour du collège et de l'asile Lachaud d'être éclairés, puis du Bureau de Bienfaisance en février 1892. La fin de l'éclairage au pétrole prévue le 31 mars 1890, est repoussée d'un an au vu des retards de la nouvelle installation.

Les Taxes

Hormis les batailles annuelles de l'abonnement des vendanges entre les Contributions Directes et la ville visant à établir la taxe sur les produits alcoolisés, la grande nouveauté tient en la suppression de l'Octroi, la taxe sur les denrées entrant en ville qui est décidée le 3 avril 1890 et qui est remplacée par une augmentation des taxes de 55 cts aux quatre contributions directes. Les employés de ce service mis en délégation poursuivront sans succès la ville pour leur licenciement.

Une nouvelle industrie : la conchyliculture

Le 15 mai 1890, le Maire déclare « Depuis quelques années, la pêche n'est plus fructueuse et les marins qui se livrent à cette industrie sont dans un état voisin de la misère. (…) La commune qui s'est imposée de nombreux sacrifices pour aider les cultivateurs à défricher la Verdisse et les Cosses, ne peut manquer d'intervenir pour aider les pêcheurs à exploiter soit les rochers de notre littoral, soit la rivière en y créant des parcs d'huîtres et de coquillages. Le Conseil vote donc une aide de 300F pour aider cette industrie naissante.

Un nouveau service privé : les pompes funèbres

En septembre 1891, le Conseil reçoit une demande de Edmond Béziat pour créer des pompes funèbres privées. A cette occasion le Maire dresse un bilan de ce service pour l'instant public : « Le système actuel donne lieu à des incidents indignes de notre civilisation. Dernièrement des porteurs, après avoir porté le corps dans l'église demandèrent une augmentation de salaire menaçant de laisser le corps dans l'église ». Devant ce fait il est le Conseil est tout a fait favorable à cette nouvelle demande et approuve les tarifs : « 1ère classe : Corbillard richement décoré, 2 chevaux, 4 hommes de deuil avec torches allumées, cocher en grande livrée, cercueil imitation chêne : 120F. 2ème classe : Corbillard richement décoré, 1 cheval, 2 hommes de deuil avec torches allumées, cercueil imitation chêne : 60F. 3ème classe : corbillard simple, cercueil en bois blanc : 30F. ».