Aimé Blachas Maire d'Agde de 1885 à 1888

En préambule, il est important de préciser que, malgré une enquête approfondie, nous n'avons pas réussi à retrouver l'état civil d'Aimé Blachas. Il ne nous a dons pas été possible de reconstituer sa biographie. Par ailleurs, aucun des ouvrages publiés jusqu'à ce jour sur l'histoire de notre ville n'évoque la personnalité de ce Maire dont nous ne pouvons connaître l'action que grâce aux délibérations du Conseil Municipal qui siégeait durant son mandat. C'est donc cette action que nous allons évoquer, action qui s'inscrit dans la continuité des politiques menées par les précédentes municipalités, ces dernières ayant fait l'objet d'articles publiés dans les numéros récents de notre journal.

C'est donc le 7 décembre 1885, suite aux élections municipales, qu'Aimé Blachas est élu Maire par ses pairs avec 17 voix contre 2 pour Alphonse Daurel. La nouvelle équipe reste dans la continuité de la précédente Adrien Vidal est nommé 1 er Adjoint, François Audouard, 2 ème Adjoint.

L'eau de la ville : La poursuite des investissements

En matière de distribution d'eau, Aimé Blachas entreprend des investissements qui s'inscrivent dans la continuité de ceux engagés par ses prédécesseurs extension du réseau et augmentation du volume. C'est ainsi qu'il met en chantier, dès le 13 février 1886, la construction d'un second réservoir au point le plus haut de la cité à 13.48 mètres d'altitude, ce qui nécessite la démolition de six maisons du plateau de la Glacière" soit 360 m 2 de bâtiments au total. Ces travaux permettent en outre une aération du quartier qui laisse à désirer dans l'état ou il se trouve".
En mars 1886, un bilan de la situation est présenté en Conseil Municipal. La ville s'étend du côté du faubourg (au sud de l'actuelle rue de la République) et "réclame des chaussées, de l'eau et du gaz". De plus, toute une partie de la ville n'a pas été pourvue de canalisations d'eau. Les rues de la République, Saint-Julien et l'avenue de la Gare sont dans ce cas". Déjà, Aimé Blachas s'inquiète du gaspillage le service des fontaines qui remonte à 30 ans est à l'origine de l'ascension (c'est-à-dire de la remontée de l'eau puisque celle-ci est pompée) d'une grande quantité d'eau". Concernant justement ce mécanisme, il déclare que la roue hydraulique, (la) pompe et (ses) accessoires, n'offrent plus les quantités indispen­sables pour un service régulier, avec un rendement efficace". Quant au réservoir de la Promenade, épuisé en 24 heures", il est voué à la démolition à cause de sa faible altitude" ( 10 mètres) et de son environnement, son pourtour étant utilisé comme dépôt d'ordures. raison de l'extension de a ville du faubourg vers le sud. Aimé Blachas met sur pied un programme ambitieux d'équipement communal sur de nombreux axes. Sont ainsi concernées la rue du Peyrou, la rue de la Capellette, la rue de la Corderie, la rue des Cordeliers. la rue Nationale, la rue de la Gare, la rue Saint-julien, la rue Brescou, la rue du Rocher la rue Esprit-Fabre, la rue Saint-Marin, la rue du Bourget, la rue Navarrin, la rue Saint Antoine. la rue du Couvent et le faubourg Saint-Bauzille. Des urinoirs, des bouches d'arro­sage, des conduites d'eau et de gaz. des gondoles de chaussées, du 'macadamisage", des trottoirs, des grilles en ter sont prévus ainsi que des acquisitions de sols destinées à élargir certaines rues, action par ailleurs prévue dans le cadre de la nouvelle Loi du 5 avril 1884 qui renforce les compétences des Municipalités dans un certain nombre de domaines. Toutefois, si le programme est ambitieux, il n'est pas réellement en adéquation avec les capacités financières de la ville. C'est ainsi que seules quelques rues bénéficieront de ces réseaux au fil du temps.

Voirie des ambitions et du social

Outre les actions de viabilisation de la ville, une autre Loi. en date du 20 septembre 1881. impose une nouvelle réglementation qui oblige la commune à reconnaître comme siens 10 chemins ruraux situés dans les Verdisses et leurs dépendances. mais surtout à les entretenir. De même, c'est dans ce quartier, où l'agriculture est prépondérante, que "le pont plat des Verdisses" pose problème à cause de son étroitesse qui limite l'évacuation des eaux salées. Dépêché sur place, l'architecte de la ville "ne peut se rendre sur les lieux, les chemins (étant) impraticables" car inondés. Néanmoins, après quelques travaux et un curage effectué sur les ruisseaux de l'Amourié et du Montmorency en août 1886. le problème est résolu.

Une idée originale et à vocation sociale est par ailleurs proposée en mars 1888 afin de permettre l'entretien de la voirie tout en aidant les bons pères de famille, bons travailleurs, (qui) ont à souffrir de la famine", il s'agit de 'faire gagner une journée (de travail) à ces ouvriers en les employant à réparer les chemins ruraux qui étaient impraticables" et ce, pour 2 F la journée.

Eclairaqe public : L'explosion de la demande

Que l'éclairage soit au gaz ou au pétrole, c'est la grande exigence des administrés de l'époque. Tous l'expriment de façon identique, "si cette rue l'a, pourquoi pas nous ?". Les années 1885-1888 voient ainsi l'éclairage public se développer rue des Accoules, rue du Cloître, quai du Chapitre, rue de fa Cosse, rue Corte. rue du Peyrou, toutes sont équipées. Puis, c'est au tour des résidents du Grau d'Agde de le réclamer, pour des raisons de sécurité liées à la circulation des touristes et enfin celui des riverains de la route de Bessan qui. 'bien que contribuables, ne jouissent d'aucun des privilèges accordés aux autres habitants".
Le budget alloué à cette dépense est constam­ment en déficit et doit être sans cesse renfloué 450 F en décembre 1886, 100 F en février 1887... En mars 1887, la Municipalité décide de déléguer ce service public pour trois ans. 0,65 cts sont alloués par candélabre et par nuit.

La privatisation de certains services

A l'image de 'éclairage public, dont le service est délégué à la Compagnie "Nouvel et Genevoise" afin d'en réduire le coût, Aimé Blachas met en adjudication pour trois ans l'octroi, c'est-à-dire le service chargé de collecter les taxes locales, en décembre 1886 et pour une mise à prix de 60 000 F. Cette action fait suite à la baisse significative des rentrées d'argent de ce service. Le Maire évoque alors le peu de surveillance', la négligence des agents" et le 'nombre insignifiant des contraventions" (4 F en 1885) mais aussi le fait que prés de 15 000 F sont utilisés en frais de fonctionnement. Jean Poujol remportera les enchères. Blachas tentera sans succès de faire de même avec le service des Roues et Immondices", mais ce marché restera infructueux.

Enseignement deux écoles laïques en projet

La construction de deux écoles algues est programmée une pour les filles et l'autre pour les garçons. En 1885, le Conseil examine le projet relatif à l'école des garçons avec. en février, l'acquisition de la Maison Courreau, rue Saint Julien pour 26000 F plus 3000 F de travaux prévus. Pour celle des filles, la Maison Cavaillé, située rue de la Cosse, est achetée pour 17000 F elle nécessite i 800 F d'investissement. A cette fin, on emploie une partie d'un emprunt de 160000 F à laquelle on ajoute une surtaxe de 2,10 cts appliquée aux 4 contributions directes, et ce, pour une période de 30 ans. De son côté, l'Etat augmente son aide qui passe de 7480F à 8160F, soit une augmentation de 24 % sur le financement des établissements tandis que le Département prend à sa charge 35 % de acquisition du mobilier, ce qui permet une diminution de la surtaxe. Le 10octobre 1887, le plan prévu pour l'école des filles est rejeté par la Commission Consultative des Bâtiments Civils du Département de l'Hérault arguant que celui-ci est mal conçue dans ses dispositions, tant pour l'aménagement intérieur que pour la façade dont l'aspect architectural est mauvais". L'architecte de la ville doit revoir sa copie.
La Loi sur l'enseignement obligatoire du 28 mars 1882 entraîne la création de la Caisse des Ecoles, qui sera mise en place sur Agde le 1 mars 1887. Celle-ci a pour but "de faciliter la fréquentation des classes par des récompenses sous forme de livres utiles et de livrets de Caisse d'Epargne", mais aussi de "porter secours aux élèves indigents ou peu aisés" Qivres, vêtements, chaussures. aliments chauds).
Une autre Loi, celle du 30 octobre 1886, autorise la création de ce qui existait déjà en Agde sous le nom "d'Asile" les écoles maternelles. Lavantage est que cette Loi permet à I'Etat de concourir à la dépense".

Collège une réforme nécessaire

Sur un total de 100 élèves qui fréquentent le collège, 34 à peine suivent les cours classiques et parmi ces derniers, la plupart quittent dès la 4ème l'établissement pour suivre des filières com­merciales ou industrielles, tandis que les autres, dont les parents sont plus aisés, vont compléter leur éducation dans des lycées ou collèges plus importants, ce qui explique que l'on ne compte plus que quelques élèves dans les classes supé­rieures 2 en rhétorique, 5 en 3 et pas un seul en philosophie ni en 2 nde . Le "surcoût' de ces classes non productives est de 15000 F par an. En octobre 1886, Aimé Blachas propose une véritable révolution modifier les programmes proposés pour les axer davantage sur le commerce et l'industrie avec plus de cours de mathématiques, de sciences naturelles ou de comptabilité. Les futurs marins d'Agde naviguent dès 14 ans et se contentent d'une instruction primaire qui devient de jour en jour plus insuffi­sante pour leur carrière", note-t-il. Ils pourront ainsi "acquérir des connaissances très étendues en géométrie, algèbre, cosmologie et surtout (en) droit commercial, (leur) permettant ainsi de passer plus facilement leurs examens de capitaine au long cours". Quant aux agriculteurs. ils pourront acquérir des notions d'arpentage et de levées de plan". La suppression des chaires classiques entraînerait en outre une économie non négligeable de 5 000 F Mais le Recteur n'avalise pas cette décision, précisant que 'cette transformation a été tentée une fois déjà et n'a pas réussi, les familles d'Agde paraissant portées au moins autant vers l'enseignement classique que l'enseignement spécial". Il souhaite plutôu conserver enseignement classique tout en étoffanL enseignement spécialisé. Un compromis seroe finaiement trouvé, le Hecteur finissant par approuver le nouveau dispositif le 25 janvier 1888.

Ecole d'hydrographie : Les premiers signes de la suppression future

Tout commence par une décision ministérielle de suppression de plusieurs écoles d'hydrographie et notamment de celle d'Agde. Le Maire s 'insurge contre une telle action qui 'porterait prejudice a tous les pêcheurs établis depuis Aigues Mortes jusqu'à Perpignan puisque cette région étant privee 7 d'école d'hydrographie et les marins n'ayant pas les ressources suffisantes pour envoyer leurs fils suivre les cours dans une grande ville éloignee, ils - seraient contraints de ne plus embarquer leurs enfants." Agde est de plus la ville qui fournit le plus de marins de la partie ouest du golfe du Lion".

Une délégation composée de Denis Andrieux, de Michel Camboulive et de Bernard Mallet. tous élus agathois, part donc plaider la cause d'Agde; auprès du Ministre de la Marine. Elle commence par faire du lobhying auprès des députés et notamment du Député de l'Hérault Vernhès, qui v introduit les envoyés auprés du Ministre, lequel, après les avoir écoutés, leur accorde le maintien de l'école aux frais de la ville en promettant, lors àdu prochain budget de ne pas laisser inaperçue cette question des écoles d'hydrographie et d'obtenir par tous les moyens possibles le rétablissement de celle d'Agde telle qu'elle était avant sa suppression", promesse qui restera lettre mode. F La charge pour la ville se porte à 6 654 79 F financée par une imposition extraordinaire des 5,5 cts.

Le professeur étant déclaré hors cadre, c'est Armand Romieu, qui désormais officiera en tant que professeur.

Une lettre du nouveau Ministre de tutelle datée du 23 septembre 1887 confirme ce que l'on craignait déjà concernant l'aspect financier 'la situation budgétaire ne permet pas d'accueillir cette demande". Le Conseil proteste sur la base que certaines écoles sont restées en partie financées par l'Etat comme les salaires des professeurs àSaint-Tropez ou à Grandville. Le Ministre répond le 6septembre 1887, qu'après l'acceptation du financement parla ville, il n'est plus possible de revenir en arriere.

Les prémices de la construction de la Caserne Mirabel

Le 12 août 1887. naît l'idée d'installer une caserne en Agde, à la demande du Colonel Bélin. Commandant du 17 ème Régiment d'Infanterie, régiment qui sera basé dans des locaux provisoires de la ville le 21 septembre suivant. Deux bataillons, soit 500 hommes, stationnent dans la ville mais le département de la Guerre ne peut toutefois assurer que le casernement définitif de 250 soldats. Afin de construire cette nouvelle caserne, le Maire Aimé Blachas choisit 12 hectares à Agde, faubourg des Barris, sur le plateau sud de la vieille cité" (en fait au nord de la ville) et installe un champ de tir de 5 hectares au Cap d'Agde vers l'étang d'Ambonne". Des investis­sements annexes sont nécessaires pour respecter le cahier des charges imposé à la ville par le Ministère "des voies convenables et éclairées", un mur de clôture entouré de rues de 8 mètres de large minimum', "l'éclairage des abords au frais de la commune", "de l'eau potable gratuite de 30 L par homme et 60 L par cheval et par jour", "des canalisations de gaz", ta vidange des latrines gratuite" sans oublier le fait de "mettre l'hôpital en état de recevoir les malades de la garnison".
La ville s'engage à verser 240 000 F à titre de concours et négocie avec 14 propriétaires les parcelles visées par le projet pour 9 019 F. Elle met également en place une déclaration "d'utilité publique" pour trois récalcitrants qui seront payés au total 2 700 F. Déjà, on sait que 'installation du gaz. de ['eau et des égouts vont coûter 23 500 F. le terrassement 8 000 F le champ de manoeuvre 10 000 F Aimé Blachas prévoit donc en toute logique un emprunt de 313 000 F C'est aussi l'occasion d'investissements à long terme car, dans ce prèt, est inclus le montant de la réparation de l'usine hydraulique, soit 1 600 F . l'on veut alimenter de manière sûre tout un quartier habité par les troupes et les industries qui ne manqueront pas de s'installer dans le voisinage". L'emprunt est donc conclu avec le Crédit Foncier de France, à un taux de 5.252294 % pendant 50 ans. Déjà, la butte du champs de tir de Lano' a besoin de travaux car à peine sortie de terre, elle manque de s'écrouler et l'on construit à la hâte des piliers de soutènement en mars 1888. Dans l'attente de la construction des bara­quements, les hommes sont cantonnés, après réparation, dans l'ancienne caserne', soit une première économie de 19 700 F puisque la Ville évite ainsi la construction d'une caserne provisoire.
Le projet de nouvelle caserne est finalement réduit à 6 000 m soit 75 à 80 mètres de côté entraînant annulation de la promesse de vente de 6 terrains. Cela dit, l'emprunt grimpe à 327 000 F car y sont ajoutés les écuries. la réparation de la salle de l'hôpital réservée aux militaires et eton­namment des Imprévus pour 10 000 F'.

Les vignes après le phylloxéra et le mildiou, le "Black Rob" arrive en pleine reconstruction du vignoble.
Après la récolte catastrophique de 1884. la vigne agathoise relève la tète. En septembre 1855. l'Abonnement des Vendanges, la taxe sur l'alcool consommé payée par la ville sur les vendanges, est réévalué, passant de il 93378 F à 14 831.98 FL Le problème est ici que la décision préfectorale d'augmentation à 4,175 F par hectolitre est uni­latérale alors que le Ministère des Finances a approuvé les comptes avec une taxe à 3,15 F Le Conseil souhaite que la ville soit exonérée car 'il n'est pas équitable de faire supporter entièrement à la commune cette erreur de taxe".
La négociation pour les vendanges 1886 est rude entre la Préfecture et la ville, cette dernière invoquant la ruine du vignoble et le tait qu'il n'existe sur le territoire de la commune qu'une quantité insignifiante de vignes américaines". En effet. à cette époque, la renaissance des vignes locales se fait par importation de plants sains en provenance des Etats-Unis. plants que ce pays avait lui-même précédemment importé de France. Le Préfet menace la commune de porter le différent devant le Tribunal Administratif. Au final. Aimé Elachas transigera à 18 957,66 F et devra relever les taxes pour équilibrer son budget. 1887 marque l'arrivée d'une nouvelle maladie: le "Black Rob". De plus, des remontées d'eaux salines abîment les vignes des Verdisses. La récolte est évaluée à 4/10èmes d'une année ordinaire, soit une taxe de 12638.43 F Les Contributions déclarent pourtant que la recette sera au moins égale ou supérieure à celle de l'année précédente", puis acceptent une baisse à 5/10 èmes soit 15798,05 F de taxe.
Un malheur n'arrivant jamais seul, la ville souffre des importations de vins italiens et espagnols, entérinées par des traités de commerce ratifiés par le gouvernement français et contre lesquels le Conseil Municipal proteste. L'abonnement des Vendanges est alors rabaissé d'un point.

Le feuilleton Lachaud continue...

Le bâtiment est prêt depuis 1881. Il n'est toujours pas ouvert...
Une lettre du Préfet datée du 1 février demande à la Mairie d'une part de "proposer des statuts plus en harmonie avec les dispositions testamen­taires (...) notamment la composition de la commission administrative de l'oeuvre", mais aussi d'examiner 'si l'on pourrait avec quelque chance de succès (...) transiger avec les héritiers naturels du testateur". Aimé Blachas campe fermement sur les positions des Maires précédents. La réponse est nette et courte "le Conseil n'acceptera aucune transaction avec les héritiers".

Pour ce qui est des statuts, des règles très strictes sont établies avec parfois des bizarreries afin dêtre en accord avec le testament mais aussi dans un souci certain d'économie. Le Conseil d'Administration sera constitué du Maire de la ville, qui nommera 3 autres membres parmi le Conseil Municipal, du Curé de la Paroisse et de 2 membres choisis parmi le Conseil de la Fabrique de I'Eglise de la Paroisse Saint-Etienne. "Les membres seront choisis parmi les contribuables les plus forts, imposés au rôle des contributions de la Commune et renouvelés tous les trois ans par cinquième". Le poste de trésorier sera donné de préférence À un ancien capitaine marin afin de limiter les émoluments à la somme de 500 F", "le service sera confié à des religieuses de l'ordre le plus économique" et ne pourra être confié À des associations laïques", "l'asile sera doté d'une chapelle" "l'aumânier sera tenu de dire un nombre annuel de messes pour le repos des âmes des fondateurs" et les vieillards qui jouissent d'une pension de retraite ou d'un revenu suffisant seront tenus de verser à la caisse leur retraite ou pension". Les portraits du couple Lachaud seront déplacés pour figurer à l'Asile. La 'réimpression tous les 30 ans du testament avec les comptes et l'état des biens en 200 exemplaires"est l'une des obligations. Enfin, le 16 août 1886. le budget marque la cessation du versement de l'aide de 10 000 F accordée par la ville à l'asile Lachaud car "le Conseil d'Etat a donné l'auto­risation d'accepter le legs universel" par le Décret Présidentiel de Jules Grévy du 3 août 1886. Le Maire parle alors avec bonheur des "vieillards recueillis dans l'hospice qu'on pourra bientôt transférer dans l'établissement".

Dans la foulée, en septembre de la même année, un vote désigne les représentants de la ville au Conseil d'Administration Marcel Crouzilhac. lsidore Lenthéric et Bernard Mallet. Mais le bonheur est de courte durée. Par lettre du 20 novembre 1886, le Préfet conteste la façon dont les membres du Conseil d'Administration ont été désignés, laquelle désignation n'est pas en accord avec les Lois des 5 août 1879 et 21 mai 1873 sur l' administration des hospices communaux qui imposent que ses membres soient nommés par le Ministre de [Intérieur Le Conseil Municipal répond qu'il "n'a pas l'intention de modifier ses délibérations" car aller à l'encontre de l'un des points du testament de la sorte serait "ouvrir la porte à une instance de la part des héritiers naturels (.3 qui peut compromettre l'existence de l'asile". Cette fois-ci, c'est la ville qui demande son arbi­trage au Conseil d'Etat et engage, pour ce faire, un avocat. Maître Sabatier. Ce dernier découvre qu'en fait, a fameuse lettre concernant le Décret Présidentiel du 3 août 1886 est devenue introuvable au greffe du Conseil d'Etat et l'on doute même de son existence. Il a été répondu qu'il n'existait pas de rap­port écrit et qu'à la suite d'un rapport oral, le dossier a été transmis à M. le Ministre de l'Intérieur. En clair, il n'y a pas eu de déci­sion concernant le legs à la ville, ni de décision juridique concernant les statuts que conteste pourtant le Préfet.

Entre temps, les 14 héritiers écrivent à ce dernier car "n'ayant pu obtenir de la ville la délivrance du legs, (...) ils sont dans l'intention d'introduire (...) une action en délivrance du-dit legs". Le 19 novembre 1888, l'exception demandée par la ville concernant l'application de la Loi sur les établissements publics, afin de respecter les termes du testament, est rejetée par la justice. Le Conseil Municipal décide alors de faire appel, retardant encore d'autant a délivrance du legs à la commune.