Jean Bedos Maire d'Agde de 1900 à 1919
Maire, médecin et poète. . .
Jean Marie Bernard Bédos, fils d'Alexandre Bédos, marchand de nouveauté et de Marie Malet, est né à Agde le 05 septembre 1871. C'est au collège d'Agde qu'il effectue toute sa scolarité avec son ami Emmanuel Laurens. Très bon élève, il poursuivra des études de médecine toujours en compagnie d'Emmanuel, on les surnommera d'ailleurs "les inséparables". Le 28 novembre 1895 il est reçu docteur par la Faculté de Paris après avoir soutenu sa thèse dont le thème était: "De l'Ictus laryngé essentiel" et revient s'installer comme médecin à Agde. Au début du 20éme siècle, Jean Bédos entre dans la vie politique agathoise. D'abord en tant que 1er Adjoint du Maire François Barthes, élu en mai 1900 et qui succède à Marcel Crouzilhac. Ensuite en tant que Maire, suite à la démission de François Barthes, qui était en conflit avec le Préfet. Jean Bédos est élu 1er Magistrat de la Ville en octobre 1900. La liste radicale socialiste qu'il conduit sera au total réélue à trois reprises (1904, 1908 et 1912) et Jean Bédos restera Maire jusqu'en 1919, date à laquelle la liste conduite par Jean Félix remporta les élections.
Des réalisations marquées par l'esprit de leur époque
La municipalité Bédos est à l'origine de nombreuses réalisations, surtout durant ses deux premiers mandats. Jean Bédos, qui était franc-maçon, était aussi un républicain engagé. Homme de lettres, il écrivait régulièrement dans "l'Etincelle", journal socialiste de l'Hérault créé par Honoré Muratet. Réputé pour son anticléricalisme, Jean Bédos, après la séparation de l'église et de l'Etat en 1905, n'hésita pas à acheter en 1906 le couvent des sœurs enseignantes de la nativité pour la somme de 51 850 francs. Dans un premier temps, la municipalité avait songé à déplacer l'hôpital, obsolète du point de vue sanitaire, dans ces "nouveaux" locaux. Le projet n'aboutit pas et la municipalité décida que cet établissement deviendrait l'école laïque des filles (aujourd'hui l'école Anatole France).
En décembre 1909, Jean Bédos changea 42 noms de rue, supprimant les noms des "saints" pour les remplacer par des "noms rappelant les souvenirs de personnages illustres sur la vie desquels l'histoire s'est déjà prononcée".
Alors que les prêtres étaient logés gratuitement, il décida de leur faire payer un loyer pour pouvoir occuper les presbytères de Saint-Etienne et de Saint-Sever, mais les tarifs devenant trop élevés, les prêtres partirent! Passées les années 1910, le climat devint plus paisible comme le souligne le Dr Picheire dans son ouvrage "Histoire d'Agde" : "les passions s'apaisèrent, en 1912 l'assemblée municipale donna son autorisation à l'orphelinat de Baldy, en signalant que cet établissement fut fondé en 1884 par l'abbé Deilhes aumônier de l'hôpital dont les sentiments philanthropiques étaient bien connus; il fut remplacé à sa mort par l'abbé Colombier qui, avec l'aide des Oblates d'Albi, accueillait à cette époque une trentaine d'orphelins".
A côté de ces réalisations quelques peu anticléricales, d'autres projets virent le jour. En 1902, afin d'assurer une distribution d'eau plus régulière, comme le note le Dr Picheire dans son ouvrage, Jean Bédos décide de construire un réservoir de grande capacité (encore visible route du Cap). En 1905, la municipalité commande au sculpteur Jacques Villeneuve, une statue de la République en bronze pour la somme de 25 000 francs. C'est le 4 septembre 1909 que cette statue, nommée "La Glorification de la République" et montée sur un socle-fontaine en basalte gris couronné d'un groupe d'enfants, fut inaugurée. En 1943, les Allemands la firent fondre pour en récupérer le métal et il faudra attendre une souscription en 1993 pour recréer un modèle proche de l'original, qui trône aujourd'hui encore sur la place du 18 Juin.
En 1907, la ville se dotera d'un véhicule original: "un corbillard de type spécial pour circuler librement dans les rues étroites, tortueuses et à forte pente de la plus grande partie de la ville". Puis des travaux important seront entrepris, avec la réfection et l'agrandissement du collège. Le coût prévu était initialement de 74 000 francs mais il s'éleva finalement en 1908 à 102 053,85 francs. Toujours en 1908, une partie de la caserne qui accueillait le 17ème Régiment d'Infanterie de Ligne fut abattu pour faire construire sur cet emplacement l'Hôtel des Postes qui lui coûta 50000 francs. La municipalité Bédos s'attela également à embellir le cimetière et refaire l'avenue de la Gare où d'ailleurs Jean Bédos habitait.
1914 - 1918 : le départ pour la guerre
En 1914, Jean Bédos en qualité de médecin aide-major de réserve et certains de ses conseillers municipaux, furent appelés pour partir à la guerre. Durant son absence c'est son 1er Adjoint, M. Authebon, qui dirigea les séances du conseil. Jean Bédos ne reviendra qu'en 1919. Pour des raisons qui nous échappent encore, il disparut alors de la scène politique. C'est M. Authebon qui se présentera en tête de la liste radicale socialiste en 1919 face à Jean Félix.
Un homme d'écriture
La médecine et la politique n'étaient pas les deux seules activités de Jean Bédos. En effet, l'écriture faisait aussi partie de ses passions. Ecrivain et poète, ses textes évoquaient souvent sa ville natale et ses coutumes. Jean Bédos était très investi dans la vie culturelle et artistique. Rappelons que c'était le grand ami d'Emmanuel Laurens (tous deux d'ailleurs appartenaient au Cercle). C'est en 1932 qu'il crée avec neufs autres personnes l'Escolo Dau Sarret comme nous le relate François Mouratet : "en tant que poète et écrivain de langue occitane, Jean Bédos avait adhéré au mouvement félibréen fondé en 1854 par Frédéric Mistral et six amis provençaux. Or, en vue de recevoir dans nos murs le 15 mai 1932, jour de Pentecôte, les félibres pour leur fête annuelle de Santo Estello, le régionaliste Joseph Chauvet, Jean Bédos et huit autres personnalités agathoises s'étaient préalablement réunis à l'Hôtel de Ville le 12 mars 1932 pour entériner les statuts de la nouvelle société félibréenne : L'Escolo dau Sarret." Cette société culturelle qui se proposait de maintenir la langue et les coutumes agathoises, a été, avec l'aide de Jules Baudou, à l'origine de la création du Musée agathois en 1935. Jules Baudou fut d'ailleurs le premier conservateur du Musée. Jean Bédos a, dans un premier temps, été élu vice-capiscol (viceprésident) de l'Escolo Dau Sarret avant de remplacer Joseph Chauvet comme capiscol (président).
Parmi ses nombreux écrits, Jean Bédos a notamment rédigé un poème sur le Sarret, la coiffe agathoise. Il est également l'auteur d'une pièce de théâtre "Agathé-Tyché" écrite en 1937, mais aussi celui de la Cantate "Lou vi nouvel" qui sera conçue avec son ami musicien Barthélemy Rigal sans oublier le fameux hymne agathois : "La Dagtenco". A ce sujet, Jean Bédos expliquait dans "L'avenir agathois" du 07 juillet 1934 : "M. Blanchon fils (Denis), délégué de toutes les sociétés agathoises fédérées, vint un jour me demander de composer à leur intention un hymne, un chant, destiné à devenir pour les Agathois une sorte de chanson locale et populaire dont Barthélemy Rigal s'offrait à composer la musique. Emu de ces honneurs et puisant dans mon cœur d'Agathois l'inspiration, je pus donner satisfaction à cette demande en écrivant un refrain et trois couplets qui, à défaut d'autre mérite, ont celui de mon ardent amour pour mon pays natal, dont ma chanson est le reflet. Là-dessus B. Rigal, le musicien agathois dont le talent est'plus apprécié de jour en jour, a mis un air entraînant, une mélodie facile et pourtant riche de tonalité, nourrie des souvenirs du folklore agathois, une musique qui je pense rendra vite ce chant populaire suivant l'intention de M. Blanchon et de ses commettants. L'Orphéon d'Agde a été chargé de son exécution aux prochaines fêtes sous forme d'un chœur à trois voix. Nos braves et bons orphéonistes se sont mis au travail et déjà, à une répétition générale, nous avons pu constater le bon effet produit par cette audition. Et maintenant comment appellerons-nous notre œuvre? Je l'avais tout d'abord intitulée: Hymne Agatenc. Certains auraient voulu la nommer Cansou d'Agté ; d'autres la Dagtenco ou l'Agatenco. La Dagtenco me plairait assez. Après tout le peuple prononcera. Dr J.B".
Voilà comment est née "La Dagtenco", que l'on chante encore aujourd'hui avec émotion et enthousiasme. Jean Bédos écrira également des textes sur de nombreux personnages qui l'ont marqué, comme Aristide Briand ou encore Raymond Poincaré.
Le 08 mars 1951, il disparaît à l'âge de 80 ans. C'est en novembre 1956, jour de la fête du vin nouveau, que fut inaugurée la rue Jean Bédos, anciennement appelée rue du Canelet ainsi que la rue Barthélemy Rigal, (ancienne rue des Vachers) en mémoire de ces deux grands Agathois qui auront marqué leur époque et leur siècle en Agde.