Louis Vallière Maire d'Agde de 1953 à 1965

Louis Vallière est né à Agde le 18 octobre 1887. Fils de propriétaires viticulteurs, il travaille dès l'âge de 12 ans au domaine familial. Homme de lettres, bien qu'autodidacte, il obtient toutefois son certificat d'études primaire. 1914 : la guerre éclate; Louis Vallière a alors 27 ans et doit, comme plusieurs de ses camarades, partir au front se battre. Durant les combats à Verdun, il est blessé à l'épaule et rapatrié afin d'être soigné. Quelques années plus tard, Louis Vallière devient Président des Anciens Combattants. Il est également fait officier de la Légion d'Honneur et décoré de la Croix de Guerre 1914-1918.

Un homme fidèle à sa ville et à ses amis. . .

Louis Vallière s'est toujours beaucoup intéressé à la vie de sa Ville. En 1932, l'Escolo dau Sarret voit le jour et Louis Vallière, qui évolue dans un milieu d'érudits agathois, fait partie des 10 membres fondateurs. Il participe également au Grand Cercle et au mouvement du Felibrige créé par Frédéric Mistral en 1854, dont l'objectif était de défendre et illustrer la langue d'oc. Parmi ses amis les plus fidèles, il faut citer le Professeur René Cassin. Tous deux avaient été compagnons durant la Grande Guerre et sont restés très proches tout au long de leur vie. René Cassin, qui est connu pour avoir rejoint le Général De Gaulle à Londres en 1940 mais aussi pour avoir présidé, durant 16 ans le Conseil d'Etat après avoir rédigé la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, se plaisait à rendre visite à son ami Louis. Aujourd'hui, un Boulevard et un des deux collèges de la ville portent le nom de ce grand homme dont les cendres ont été déposées au Panthéon.

Deux mandats de Maire après une déjà longue présence en Conseil Municipal
Les débuts en politique de Louis Vallière datent de 1929, année où il entre au Conseil Municipal aux côtés de Jean Félix, Maire SFIO de la Ville depuis 1919. A cette occasion, il est élu 4ème Adjoint au Maire en charge du Collège, délégation qu'il exercera jusqu'en 1935. Parallèlement, il préside la Commission "Fêtes publiques, Places, Halles, promenades, Le Grau d'Agde, Affaires Scolaires". En 1935, il est réélu Conseiller Municipal sur la nouvelle liste de Jean Félix avant de redevenir Adjoint en 1939.

Après une interruption de quelques années dans son engagement d'élu local, c'est en 1953, parallèlement à toutes ses activités et à son métier de viticulteur, que Louis Vallière, alors Administrateur de la Caisse Régionale du Crédit Agricole et fondé de pouvoir du domaine de Ducup de Saint Paul à Perpignan, décide de se présenter à nouveau aux élections municipales, mais cette fois-ci en qualité de Maire.
Louis Vallière constitue alors une "liste de défense viticole et des intérêts agathois" qui l'emporte finalement sur celle d' "union républicaine" menée par Louis Reboul, après avoir éliminé au 1 e' tour la "liste d'union ouvrière et démocratique" (PC) conduite par M. Siciliano, ancien membre du Comité de Libération.
C'est donc le 07 mai 1953, que Louis Vallière succède à Louis Reboul et devient pour la première fois Maire d'Agde. Il sera réélu le 15 mars 1959, battant à nouveau la liste menée par Louis Reboul, cette fois-ci par 2251 voix contre 1810 voix. En 1965, Louis Vallière ne se représente pas mais soutient la liste de Pierrick Lapeyre, qui l'emportera à son tour.
Parallèlement à ses mandats de Maire, Louis Vallière est également Conseiller Général du canton d'Agde de 1958 à 1964. Mais il sera battu cette dernière année par François Mas, l'un de ses anciens colistiers parti depuis en dissidence et qui l'emporte avec le soutien de l'UNR (mouvement gaulliste, ancêtre du RPR).
A cette époque, l'Hôtel de Ville se trouyait au centre de la cité historique et les réunions du Conseil Municipal, qui avaient lieu environ tous les mois, se tenaient dans l'actuelle salle des mariages de la Maison du Cœur de Ville. C'est dans cette salle, autour de la grande table du Conseil offerte par Louis Vallière et qui provenait du Château de Ducup de Saint Paul (table qui a disparu plutôt mystérieusement dans les années 90), que de nombreux projets ont vu le jour.

12 années à la tête de la Ville

Ecole, hôpital, voirie, stade, campings... autant de projets structurants que la Municipalité Vallière a mis en place durant 12 ans.
L'un des grands projets de Louis Vallière sera la construction d'une voie nouvelle en Front de Mer au Grau d'Agde. Durant ses deux mandats, des travaux seront effectués afin de réaliser ce Boulevard, aujourd'hui nommé Boulevard du Front de mer mais qui auparavant portait le nom de "Louis Vallière". Afin d'embellir cette voie nouvelle, une statue, nommée Aphrodite, et regardant la mer y fut également installée.

Les écoles au cœur de ses préoccupations

Tout ce qui concerne l'enseignement intéressait tout particulièrement Louis Vallière. Ainsi, au niveau des différents établissements que compte alors la commune, de nombreux travaux et ouverture de classes seront réalisés: réfection de la toiture de l'école Anatole France où deux classes supplémentaires sont créées, ouverture également de nouvelles classes au Jardin Public et installation d'une cantine à l'école Jules Ferry. Du reste, tout au long de ses mandats, la Municipalité entretiendra et améliorera comme il se doit les écoles agathoises.

En 1955, le Conseil Municipal décide la construction d'une nouvelle école au Grau d'Agde, projet qui fait partie d'un programme général de commandes groupées répondant au décret du 05 septembre 1953. En 1958, la Municipalité propose, pour un coût de 359 100 francs, l'aménagement d'un plateau et d'un terrain de basket au cours complémentaire des filles. L'année suivante, en janvier 1959, la municipalité Vallière présente un avant-projet pour l'ouverture d'une classe unique à la Tamarissière. En effet, comme Louis Vallière l'expliquera en Conseil Municipal, "les enfants de la Tamarissière ont des difficultés à se rendre à l'école du Grau. Il leur est nécessaire soit de traverser la rivière en barque, ce qui n'est pas sans danger en période de mauvais temps, soit de faire 10 km par la route. La commune ne peut d'autre part envisager un service de ramassage qui devrait bientôt s'étendre aux nombreux hameaux et campagnes dont elle pullule sans engager gravement les finances locales malgré les subventions éventuelles. Le nombre des enfants intéressés est enfin assez élevé (une douzaine) pour justifier la création d'une école à classe unique. La commune dispose à cet effet d'un terrain convenable, parfaitement situé et desservit en électricité, eau et égouts." Il semble toutefois que ce dossier soit resté à l'état de projet.

Cette même année, la Municipalité Vallière décide d'aménager un terrain d'éducation physique, scolaire et sportive. Ce sera l'un des premiers projets du deuxième mandat. La dépense pour le sol est alors évaluée à 280 000 NF (Nouveaux Francs), celle de la superstructure à 430 000 NF.
Toujours en terme d'équipements scolaires, Louis Vallière ouvrira également, dans les bâtiments de campagne rénovés situés sur le domaine de la Clape, la première école du Cap d'Agde où le Musée de l'Ephèbe a aujourd'hui pris place. La décision est prise le 02 mai 1956 en séance du Conseil Municipal.

Hommage au monde combattant et à la liberté

En 1956, Louis Vallière décide de faire placer un buste sculpté par Baumel, un artiste des Beaux Arts de Paris, à l'emplacement de la statue de la République qui avait été inaugurée en 1909 sous la municipalité Bédos et que les Allemands avaient fait fondre durant la deuxième Guerre Mondiale en 1943.
Cette même année, il fait planter dans le square Jean Félix, un arbre de la liberté et réalise à cet endroit un lieu de commémoration et de recueillement. Comme l'écrit Christian Camps dans son livre "Agde d'hier à aujourd'hui" : "Là dans un coffret de marbre blanc sur un socle de pierre d'Agde, se trouvaient les cendres provenant des camps de concentrations nazis ramenées par Etienne Rich et placées à cet endroit par Louis Vallière, Maire et Président de l'Association des Anciens Combattants et Victimes de Guerre."

Le Général de Gaulle en visite à Agde

Un événement important va marquer la Ville d'Agde en 1960. Le 27 février, le Général de Gaulle, alors Président de la République, fait une brève escale à Agde. Reçu par Louis Vallière et son Conseil Municipal sur la Place Jean Jaurès, le Général De Gaulle s'adressera aux Agathois avec des propos fort élogieux pour la Ville. Une visite brève mais qui a marqué son époque et dont de nombreux Agathois se souviennent et parlent encore.

Des réalisations importantes en matière de santé, de tourisme et de logement
En 1960, la municipalité s'attache à agrandir l'Asile Lachaud. Un nouveau bâtiment voit le jour, il accueille "la maternité, le dispensaire, le centre médico-social, le centre de vieillards et tout récemment le service de médecine". Toujours en 1960, la Municipalité Vallière, qui a œuvré au développement du tourisme, décide, suite à une délibération du 15 septembre qui interdit tout campement sur les plages, de créer un camping, avec bien entendu l'accord de la Préfecture, au domaine de la Clape, acquis en 1954 par la ville, afin d'offrir aux campeurs empêchés une juste compensation. Le camping d'une superficie de 2 ha comporte les aménagements réglementaires. Le montant des travaux est estimé à 114 000 NF. Il est prévu que leur financement puisse être assuré par la redevance des campings communaux qui comprenaient alors "La Tamarissière", dont le bois avait été acquis par voie d'échange par la Ville en décembre 1955, et désormais "La Clape", qui ouvre ses portes le 1er juillet 1961. Ce dernier, classé en 4ème catégorie à la demande de la Municipalité, correspond à un camping de type populaire. Toujours au niveau touristique, en 1963, lors d'un Conseil Municipal, Pierre Lattes, alors 1 er Adjoint, répond à la proposition du projet national de ZAD, Zone d'Aménagement Différé, "depuis son arrivée à la Mairie en 1953, la Municipalité a découvert la vocation touristique de la commune. Ses acquisitions du domaine de la Clape, du fort et du promontoire du Cap, du terrain de Rochelongue, du Bois de la Tamarissière justifient à elles seules d'un programme antérieur aux initiatives actuelles. Le projet de ZAD ne peut que l'intéresser dans la mesure où il constitue une suite, sert l'intérêt communal et tient compte des droits légitimes des propriétaires."

Si le tourisme commence alors vraiment à prendre une place importante dans de nombreuses villes française, il ne faut pas oublier que les années soixante sont aussi marquées par l'arrivée massive des Français d'Afrique du Nord. La Ville d'Agde connaît ainsi une affluence très importante et doit alors répondre à l'importante demande de logements qui s'en suit. C'est pourquoi la Municipalité Vallière décide de construire des logements sociaux; et c'est en juillet 1965 qu'un nouvel ensemble HLM voit le jour, sur l'avenue Victor Hugo, complétant ceux réalisés sous la Municipalité Reboul.
L'année 1961 comptera parmi ses travaux et aménagements, l'agrandissement du cimetière et le projet d'aménagement de la Place de la République, qui ne sera pas sans poser problèmes mais qui finira néanmoins par voir le jour.

Edition d'un bulletin municipal

En 1965, Louis Vallière édite un bulletin municipal pour y faire le bilan des travaux réalisés sur la Ville au cours des dernières années.
On peut y lire notamment la présentation qui y est faite des travaux d'aménagement de la Salle du Peuple (dans l'ancien garage Ferraro acquis par la Municipalité) dont le projet avait été voté en 1963 : "elle sera dotée d'un vaste podium, de sièges confortables et escamotables pour le parterre, d'un éclairage et d'un chauffage". On y parle également de l'alimentation en eau potable, qui fut aussi l'un des grands aménagements réalisé par la Municipalité Vallière, à l'initiative en particulier du forage de la route de Bessan jusqu'à Agde.

Des travaux sur les édifices cultuels

Au niveau patrimonial, la Municipalité participa aux travaux de la Cathédrale Saint-Etienne en octobre 1957.
M. Sonnier, Architecte en chef des Monuments historiques, établit un programme de travaux. Ces derniers portent, dans un premier temps, sur le rejointoiement de la voûte située sous la terrasse, la remise en état du Beffroi en fer forgé et l'installation d'un paratonnerre.
En 1963, le Conseil Municipal a pour projet "la réfection de la toiture de l'église Notre Dame du Grau, la dépense s'élève à 46 684,53 francs et donne droit à subvention. Celle-ci se justifie d'autant plus que l'église considérée n'est pas une paroisse affectée à la population locale mais un lieu de pèlerinage régional".

Découverte de l'Ephèbe

L'année 1964 sera marquée par une découverte d'importance, dans l'histoire de la vie d'Agde: le 13 septembre, Jackie Fanjaud, membre du Groupe de Recherches Archéologiques Sous-­Marines et de Plongée d'Agde (GRASPA), découvre dans le lit de l'Hérault la statue de l'Ephèbe, "ce bronze unique considéré par le monde scientifique comme l'une des plus belles pièces de sculpture trouvées sur notre territoire". Cette découverte vaudra la même année au GRASPA de se voir décerner la Médaille d'honneur de la Ville d'Agde.
1965 marque la fin du 2éme mandat de Louis Vallière, alors âgé de 78 ans. Ce dernier ne se représente pas mais soutient Pierrick Lapeyre, qui lui succède.
C'est le 29 janvier 1966 qu'il s'éteindra à Agde, laissant derrière lui de nombreux souvenirs.

Pierre Lattes

Né à Agde en janvier 1923, Pierre Lattes a été de 1953 à 1965 le premier Adjoint de Louis Vallière délégué aux Finances et à l'Administration Générale. Homme bien connu et apprécié des Agathois, il fut tour à tour clerc de notaire, agriculteur et administrateur régional de la Mutualité Sociale Agricole. Il fonda par ailleurs en 1966 l'Aide Ménagère aux Personnes Agées en Milieu Rural et c'est aussi lui qui créa la Caisse Locale du Crédit Agricole.

Mais Pierre Lattes est plus particulièrement connu pour son engagement et son courage pendant la deuxième Guerre Mondiale ainsi que pour ses faits d'arme. Engagé à 21 ans dans les Corps Francs de la Montagne Noire, il rejoindra ensuite la 1 ère Armée Française du Général De Lattre de Tassigny. Titulaire de la Médaille Commémorative Rhin Danube, il est d'ailleurs depuis 1966, Président des Anciens Combattants et Victimes de Guerre d'Agde.

Après une vie civile consacrée au progrès social - dans sa profession comme dans sa ville (il était encore récemment Administrateur du Centre Communal d'Action Sociale) ­Pierre Lattes s'est appliqué à faire sortir de l'oubli la période 1939-1945 à Agde. Dans cette optique, il a créé en 1988 le Comité Local d'Histoire. Véritable historien de la mémoire, il a notamment ressuscité le souvenir du Camp d'Agde dont un Monument rappelle aujourd'hui à tous le souvenir.