Pierrick Lapeyre Maire d'Agde de 1965 à 1971

Enfant d'une famille depuis longtemps agathoise, son grand-père était Conseiller Municipal de Jean Bedos, Pierrick Lapeyre est ne le 27 octobre 1909 à Mansourah. A cette époque, son père, militaire de carrière, s'occupait des haras de l'armée en Algérie. Après ce passage en Afrique du Nord, la famille revint en terre agathoise ou Pierrick Lapeyre poursuivit ses études à Agde, puis au Lycée Henri IV à Béziers, enfin à l'école vétérinaire de Lyon. Durant ces années de formation, il s'adonne à la pratique du rugby, et chante, en qualité de ténor, au sein du "Groupe Artistique Agathois".

Arrivé à l'age adulte, Pierrick Lapeyre s'installe à Agde et se marie avec Marie-Jeanne Pipe avec laquelle il aura 5 enfants: Jean et Ginette, avant la guerre, puis Luc, Colette et Guy. Il sera fait prisonnier de guerre et interné au Stalag 2B près d'lnnsbruck en Autriche. Libéré, il rejoindra la Résistance dans le réseau "Flore-Venus" qui officie dans la région littorale. Juste après la guerre, ce grand travailleur exerce en tant que vétérinaire libéral mais aussi pour l'inspection sanitaire des abattoirs municipaux agathois. Il se met très tôt au service de sa ville, en exerçant notamment les fonctions de juge de Paix. S'impliquant exclusivement dans les affaires locales, Pierrick Lapeyre revendique de n'appartenir à aucun parti politique. I1 montre son caractère tenace dans tous les dossiers qui lui tiennent à cœur notamment ceux qui concernent la jeunesse agathoise et c'est naturellement que cet engagement local l'amène à se présenter aux élections municipales.

Les élections sont fixées au 21 et 28 mars 1965. Le Maire Louis Valliere ne se représente pas faisant le choix de partir à la retraite et laissant le champ libre à son "dauphin" Pierrick Lapeyre et à sa liste de "Défense et administration de la ville d'Agde" au sein de laquelle "aucun membre inscrit d'un parti politique n'est accepte". Sont aussi candidates, la liste Valabrègue d"'Union civique pour I'expansion et la rénovation d'Agde" soutenue par I'UNR (gaulliste), la liste Mas d'Union et action pour la défense des intérêts de la ville d'Agde" soutenue par le Parti Socialiste et la liste Siciliano du Parti Communiste, "liste des intérêts communaux".

Le panachage des bulletins de vote est encore en cours. Au premier tour, Valabrègue arrive en tête avec 1475 suffrages devant Lapeyre (1453), Mas (1205) et Siciliano (720). Le Parti Communiste appelle alors implicitement à voter Lapeyre en demandant à ses partisans de s'opposer à Valabrègue, tandis que la liste Mas se retire. Le deuxième tour voit la victoire de Lapeyre avec 2549 voix (la liste reçoit en moyenne 2501 suffrages) contre Valabrègue avec 2324 voix (moyenne de la liste : 2243 votes). Au Conseil Municipal qui suit les élections, André Nespoulous est élu 1er Adjoint et Jean Bacci, second. Deux adjoints supplémentaires sont également nommés, en raison du "nombre et de la complexité des affaires municipales découlant de l'importance territoriale de la commune, de la multiplicité des plages et du chiffre élevé de la population estivale" : Louis Di Meilla et Marcel Massal. Divers élus sont délègues dans des structures administratives ou économiques telles le Bureau d'Aide Sociale, I'Hôpital Lachaud et surtout la SEBLI (Société d'Equipement du Bitterois et de son Littoral) qui va piloter la création du Cap d'Agde.

Ce mandat sera marqué par les travaux obligatoires et préparatoires a la modernisation de la ville d'Agde, à son expansion mais au-delà, à la création de ce qui deviendra la plus grande station touristique d'Europe : le Cap d'Agde.

Agde est alors à un tournant de son histoire et d'une ville essentiellement rurale et agricole, se transforme en une cite moderne ayant rattrapé son retard en matière d'équipements. La masse de travail est colossale et les membres de l'équipe municipale ne ménageront pas leurs efforts.

Pierrick Lapeyre sera battu aux élections municipales de 1971 à laquelle participaient également les listes Balmigère et Leroy-Beaulieu, ce dernier l'emportant au final. Dès lors, le Dr Lapeyre se contentera de reprendre son activité de vétérinaire jusqu'a sa retraite, son décès survenant le 02 mars 1986.

La construction du pont

Agde, en 1965, est une ville d'un peu moins de 10 000 habitants dont la principale préoccupation concerne le pont suspendu sur I'Hérault, qui vient d'être interdit a la circulation en septembre 1964 et qui doit être remplacé. Cela cause de nombreux désagréments, notamment pour les vendanges avec 44 361 comportes qui doivent transiter par le pont de Bessan. Pour soutenir les viticulteurs, la Municipalité Lapeyre concrétisera l'aide financière de près de 20 000 F décidée par la Municipalité Vallière.

Un pont provisoire de type Baylet, c'est-à-dire métallique, "préfabriqué" est mis en place en décembre 1965, de la rue Rabelais à la rue de I'Hôtel du Cheval Blanc. Le pont flottant, partant de Belle Ile jusqu'au bas de la Promenade et qu'une unité du Génie protége des crues et du bois qui s'y accumule, est très souvent coupé, ce qui crée nombre d'embarras. La construction du nouveau pont entraînera l'autorisation municipale de démolition de la Gare Routière, des WC publics, de l'immeuble des "Poids Publics", du pont à bascule pour la pesée ainsi que d'immeubles de la rue Claude Bernard et la modification du trace de la RN 108 qui est transférée de la rue Honore Muratet à la rue Claude Bernard. Les travaux commencent fin 1967. Le nouveau pont en béton coûtera 2,5 millions de francs financés par l'Etat et sera ouvert à la circulation le 20 mai 1969.

Urbanisme et équipements : les conséquences de l'explosion démographique

Un recensement est nécessaire car la structuration de la population évolue très rapidement. Déjà sur la période 1962-1965 le nombre d'Agathois a augmente de 20%. En 1965, 317 logements sont en construction et la ville s'accroît de "600 personnes venues de l'extérieur ou nées après le dernier recensement de 1962 dont 127 occupent des logements neufs". La population totale passe en mars 1968 à 10 183 habitants, faisant passer la commune dans la tranche des villes de 10 000 a 20 000 habitants, avec l'augmentation des subventions qui en découlent, mais aussi des services demandes. La Mairie se trouve à l'étroit. Elle est alors agrandie par l'acquisition des deux immeubles Deront et Mas attenants. Des recrutements de personnels sont décidés, motives par "l'essor économique de la population de la ville, le nombre important de ses hameaux et leur dissémination sur le territoire communal entraînant une recrudescence d'activité pour les services administratifs et techniques municipaux". On passe alors de 57 employés à 117 en 1966. Une autre conséquence de cette explosion démographique est la construction de nombreuses infrastructures routières comme la création du parking de la Calade, gagne sur I'Hérault et de logements notamment d'HLM au Grau et a Agde. Autre aménagement, celui qui entraîne l'agrandissement de la zone industrielle attenante à la route de Sète pour une surface de 20 Ha, auquel fait suite la création d'une autre zone, au bas de Baldy. Même le cimetière est devenu trop exigu ; il ne reste en 1965 que 5 places. On achète la parcelle mitoyenne pour un montant total de 70 000 F, soit une augmentation de 50 % de sa superficie.

Dans le vieux centre ville, la Municipalité réaligne des rues et autorise la destruction de l'immeuble de la Prud'homie en ruine, ce qui entraînera de profondes modifications donnant naissance a l'actuelle place Gambetta. Celle-ci sera utilisée par les forains des Halles alors que l'on reconstruit ces dernières en 1970.

Les abattoirs municipaux

Les abattoirs municipaux, dont le Docteur Lapeyre a longtemps été le vétérinaire attitré, marquent pour l'exercice 1964 un déficit d'exploitation de plus de 20 000 F en raison des investissements qui ont été mis en œuvre depuis plusieurs années : création de postes d'eau, chambre frigorifique, etc. Il est donc décidé de relever les tarifs et d'ajouter différentes taxes en fonction des nouveaux services proposés. Mais en 1969, ces abattoirs sont fermés par arrêté préfectoral « à la date d'ouverture de ceux de Béziers » et ce, malgré la contestation du Maire d'Agde, qui y voit la une perte financière pour la ville, mais au-delà, une difficulté de travail pour les bouchers agathois, obligés d'aller se ravitailler a 25 km.

Les réseaux : le temps du maillage total de la commune

Le Docteur Lapeyre est aussi un homme soucieux de la qualité de vie de ses concitoyens. C'est dans ce but qu'il met en place les éléments indispensables a l'hygiène de la ville, dont certains quartiers voient encore couler les eaux usées dans la rue et ou l'eau n'a parfois de potable que le nom.

Les égouts

L'un des premiers aménagements de la municipalité Lapeyre concerne la Darse du Grau d'Agde pour un montant de 180 000 F afin d'éviter I'envahissement du Grau par les eaux de pluie, les hautes eaux de l'Hérault et les inondations". Le réseau d'assainissement est très rapidement étendu, car la ville croît très vite. En janvier 1967, un plan communal d'assainissement est dessiné afin de planifier par tranches tous les travaux avec une urgence particulière pour le Grau et la Tamarissière qui continuent a déverser directement leurs eaux usées dans I'Hérault.

Afin d'abaisser les coûts, une taxe sur le lotissement est créée afin que les lotisseurs participent financièrement à la création des infrastructures et notamment a l'investissement. En octobre 1967, la Municipalité boucle enfin un dossier dont on parle en Agde depuis près de 20 ans : la création d'une station d'épuration sur un terrain du secteur de la Prunette. Celle-ci est financée par la SEBLI, créée nouvellement pour mettre en place la station touristique du Cap d'Agde.

L'Eau

La fourniture d'eau potable est l'éternel problème de la ville. Un nouveau puits artésien est creusé au Grau d' Agde en 1965. Une importante conduite d'eau est construite depuis un captage dans I'Hérault qui nécessite la mise en place de deux siphons passant sous le Canal du Midi et sous I'Hérault. L'Eau et ses investissements a répétition est un secteur qui est souvent en déficit. Ainsi, en décembre 1965, une augmentation de 0,70 F du m3 est décidée pour faire face aux 150 000 F de déficit de ce secteur. Mais la ville se développant rapidement, le réseau d'eau est mis en affermage auprès de la Lyonnaise des Eaux pour 30 ans car "la commune ne dispose pas des services techniques suffisants eu égard à l'importance du réseau d'eau dont elle a la charge et dont une partie importante reste en cours de réalisation". La Ville conserve toutefois la maîtrise de la construction du réseau et fait bâtir le réservoir du mont Saint Loup avec sa station de pompage. Parallèlement au plan d'assainissement de 1967, est mis en place un schéma directeur pour le réseau d'eau des quartiers de la Tamarissière, du Grau, de Rochelongue et d'Agde car la distribution "s'avère incomplète, insuffisante et aléatoire en période estivale". Ainsi la Municipalité Lapeyre lance un grand chantier d'adduction d'eau pour joindre Agde au Grau en passant par St-Vincent. Un autre grand chantier est mis en place a partir de 1968 : le château d'eau de la Tamarissière, dont I'investissement est en partie finance par le Ministère de l'Equipement. Dans un souci de qualité, le système de stérilisation de I'eau est également totalement change. Afin d'alimenter le Cap d'Agde, une canalisation est mise en place vers la nouvelle station, la Mairie vend alors certains terrains au Syndicat du Sas Languedoc charge de la réaliser.

Les ordures

Les investissements concernent dans un premier temps la collecte avec des achats classiques de bennes. Mais la également, la pression démographique et la construction du Cap d' Agde se fait sentir. En octobre 1967, est entamée la construction d'une usine de traitement avec broyage automatique et création de compost qui sera vendu à 30 F la tonne comme engrais agricole. Elle est déjà prévue pour une capacité de 100 000 habitants et coûtera 1 483 814 francs, finances a 60 % par la SEBLI et par un emprunt souscrit auprès de la Caisse d'Epargne. Un terrain de 1,67 Ha est acheté a l'Asile Victor Lachaud qui souhaite se débarrasser du foncier non bâti, au lieu-dit "Les Mouillères". La collecte est finalement mise elle aussi en concession en avril1970 auprès de la STAN, qui rachètera le matériel municipal pour 40 000 francs.

Du nouveau et de l'original dans le domaine social

C'est un domaine prépondérant dans les préoccupations de l'équipe municipale de Pierrick Lapeyre, qui complétera les équipements de la ville ou qui soutiendra des initiatives privées dans ce domaine. Ainsi, le 18 novembre 1965 marque la création de la MJC, le premier magistrat de la ville se félicitant "de voir la ville d'Agde enfin dotée d'une telle association dont le but est éminemment social". Il affecte alors le premier étage de la Maison du Peuple a cette association. D'autre part, il met en place un centre de loisirs au Grau d'Agde avec 6 moniteurs. La ville se charge des salaires, le Département de l'acquisition du matériel.

Le Dr Lapeyre est aussi le créateur de la "Maison des Anciens" permettant à ces derniers de se réunir dans un lieu convivial.

Mai 68 n'a que peu de retombées en Agde, toutefois une aide supplémentaire de 10 000 francs est accordée aux services sociaux. En octobre 1968, la Municipalité Lapeyre met également en place une garderie originale, spécifique aux enfants de vendangeurs, qui fonctionne durant un mois chaque année.

De l'achèvement de la Salle des Fêtes aux prémices du nouveau Musée

L' Ephèbe qui a été découvert en 1964 attend son écrin pour revenir en terre agathoise. Le Ministère des Affaires Culturelles consentira à son retour sous réserve de l'aménagement d'un "musée convenable". L'idée du Dr Lapeyre est ici de réunir musée et centre d'archéologie sous-marine dans un immeuble du quai des Trois Frères Azéma. D'autre part, il est prévu d'aménager le Tribunal de Commerce auquel serait adjoint le café Pinel, situe a côté, et de donner congé a divers locataires. Le musée ainsi crée présenterait l'ensemble de collections issues des fouilles sous-marines et subaquatiques : amphores et dolia (poteries), ancres et ouvrages de la batellerie, céramiques, bronzes et Ephèbe. Ce nouvel établissement permettrait surtout de désengorger le Musée Agathois ou les pièces provenant des découvertes du GRASPA sont à l'étroit. Le dossier est bouclé, le financement trouvé, tout semble prêt. Surviennent les élections municipales, qui mettent un terme a ce projet, auquel sera substitue celui du nouveau Maire Pierre Leroy-Beaulieu et qui donnera naissance a l'actuel Musée du Cap d'Agde.

Le Dr Lapeyre se préoccupe également de procéder a un inventaire des Archives Municipales faisant suite a une proposition du Ministre d'Etat aux Affaires Culturelles.

Dans le domaine festif, un autre chantier d'importance est mené à bien : l'aménagement de la nouvelle salle des Fêtes. Ainsi sont posés les revêtements des murs, le rideau de scène, les 126 fauteuils du balcon et les 462 fauteuils escamotables de la salle ainsi que tout le système acoustique. Elle sera inaugurée par deux bals les 08 et 09 janvier 1966.

La même année est créée sur proposition d'une Commission Municipale, le Comite des Fêtes qui mettra en place le premier festival d'Agde en août 1968 avec "le Barbier de Séville" de Beaumarchais.

Enseignement : le rectorat souffle le chaud et le froid

Le lycée

En 1965, le lycée Auguste Loubatières (aujourd'hui Maison des Savoirs) accueille en centre-ville l'équivalent des sections actuelles des collèges et lycée. Toutefois, malgré les investissements réalisés pour adapter l'établissement, et ce avec l'accord du Rectorat, la carte scolaire prévoit la suppression des classes du 2eme cycle (les premières, secondes et terminales) ce qui concernerait 250 élèves. Le Conseil Municipal se bat pour le maintien de ces classes avec des arguments qui ne sont pas sans valeur : "comment faire face au nombre accru d'élèves venant des localités voisines ?", "la réorganisation des transports scolaires grèvera les budgets familiaux", "Agde voit sa population en hausse", "Ies projets d'aménagement et d'urbanisme (...) prévoient et confirment cette expansion", "les élèves devront endurer 2h de trajet par jour", "Ies établissements receveurs (Pézenas ou Béziers) sont incapables de loger les élèves qui fréquentent actuellement notre lycée", "Agde devrait atteindre jusqu'à 20 000 habitants". Paradoxalement le Préfet de Région renouvelle en juin 1966, le traité constitutif du lycée d'Agde pour 10 ans pourvu que les frais soient à la charge de la commune, ce qu'elle s'empresse d'accepter pensant trouver là un appui dans le dossier.

A l'invite du Maire et pensant pouvoir le convaincre, une visite de l'Inspecteur Général de l'Enseignement est organisée mais ne confirme pas les espérances. "En l'état actuel des choses, rien ne milite en faveur de la modification de la carte scolaire". Pour la rentrée 1967, les classes A et C sont toutefois maintenues alors que les D devraient s'expatrier. Le Dr Lapeyre, tenace comme à son habitude, continue de demander le maintien des classes A, C et D en Agde. Devant le refus de l'Inspection Académique "pour cause d'insuffisance d'effectifs" en février 1968, le Conseil Municipal demande l'intervention du Ministre de l'Education. Entre temps, de nombreux comités de soutien se sont créés et la classe politique agathoise fait pression. Ainsi l'existence du lycée est reconduite pour un an en septembre 1968. Le Député de I'Hérault récemment élu, Pierre Leroy­-Beaulieu, intervient de son coté auprès d'Edgar Faure, Ministre de l'Education Nationale. Par ailleurs, le Maire provoque une visite du Lycée mais également du Cap d'Agde avec l'Inspecteur Général de l'Education Nationale. Ce dernier se déclare "favorable aux arguments de Monsieur le Maire" en novembre 1968. A la fin du même mois, le Député reçoit une lettre d'Edgar Faure : "En accord avec les autorités universitaires locales et en fonction des prochains aménagements du littoral, le maintien de cet établissement me semble justifie et vous est par conséquent acquis".

Le Collège d'Enseignement Secondaire

Paradoxalement, ce sont pour les mêmes motifs lies a I'augmentation de la population, que l'Académie décide la création d'un CES (Collège d'Enseignement Secondaire), mais pour le coup, peut-être un peu trop rapidement. En effet, cet établissement est créé administrativement pour la rentrée de septembre 1966, soit un an avant d'exister physiquement. L'Education Nationale se déclare prête a construire un nouveau CES si la Municipalité donne un terrain de 5 a 6 hectares. Les prospections n'ayant rien donné, la seule solution consiste en un terrain de manœuvres concédé aux militaires en 1887 route de Sète, inutilisé depuis 1921 et situe a proximité d'un autre terrain de 3 hectares appartenant a la ville. Des pourparlers sont en cours avec les autorités militaires qui, de toute façon, n'avaient la concession du terrain qu'à condition de maintenir une garnison sur Agde. Suite a la désaffectation de la Caserne Mirabel, la ville récupère ses terrains.

La rentrée 1966 approche et les travaux n'ont même pas commencé. La solution mise en place consiste en une fusion administrative entre le 1er Cycle du Lycée Municipal et le Collège Général des Filles dans lequel on rapatrie les garçons agathois qui, jusque la, suivaient leur scolarité à Vias, inaugurant par la même et pour 200 élèves, la mixité dans l'enseignement. Selon le Ministre de l'Education "il est trop tard pour prendre d'autres dispositions" et ce, malgré l'opposition du Conseil Municipal qui demande a repousser la création du collège a la rentrée 1967, date a laquelle le bâtiment "en construction industrialisée" sera finalisé. Mais les problèmes ne sont pas pour autant réglés. Par courrier en date du 30 septembre 1966, le Ministère émet des doutes sur la qualité du sol des terrains prévus, entraînant un surcoût de 55 757 francs que, par souci de rapidité et d'apaisement, la Municipalité prendra à sa charge. Le futur collège René Cassin ouvrira donc ses portes à la rentrée 1967 a quelques 600 élèves, dont certains devront suivre les cours dans des locaux préfabriqués. En 1969, le Conseil Municipal vote une participation de 30 % au budget de fonctionnement normalement dévolu au Département, montrant ainsi sa détermination a offrir les meilleures conditions d'enseignement aux enfants agathois.

Enfin, "l'objet d'art érigé au titre du 1 % culturel" est accidentellement détruit le 11 avri11969. Il sera remplacé par une sculpture en bronze de Claude Mercier sur le thème adéquat du "Combat".

Les augures n'étaient décidément pas favorables à ce type d'établissement de structure dite "Pailleron", du nom du collège détruit à Paris par le feu, incendie qui avait fait 20 morts. Devant ce danger, il fut décidé d'augmenter, dans un premier temps, le nombre de sorties de secours et de renforcer ensuite la structure.

En octobre 1967, et a proximité, sera construit un gymnase et en février 1968, un plateau sportif comprenant un terrain de basket ball et un autre pour la pratique du volley ball et du hand-ball.

L'école Marie Curie

Au milieu des années 60, tout le monde s'accorde à décrier l'état déplorable de l'ancien hôpital Saint-Joseph, où réside l'école des garçons. Il est donc décidé de détruire le bâtiment afin de reconstruire un nouvel établissement. La démolition de l'hôpital Saint-Joseph commencera en septembre 1965. Le projet est ambitieux : 9 classes, une salle de jeux, une salle de repos, trois "salles de propreté", un bureau pour le directeur et un service médical, un hall avec un abri pour les poussettes, trois galeries avec vestiaires, trois cours dont une intérieure, et un jardin, ainsi que deux appartements et une garderie.

L'adaptation du territoire au tourisme moderne

Le Dr Lapeyre demande le classement de la commune en station balnéaire le 04 mars 1969. La durée de la saison est alors de cinq mois, la moyenne des séjours est d'un mois et la fréquentation est estimée à 220 000 personnes. La commune est déclarée "station touristique" au Journal Officiel du 22 juin 1969. Dans la foulée, la Municipalité met en place la taxe de séjour dont le produit sera affecté à "l'amélioration de l'infrastructure touristique". Le balisage des chenaux, qui commence à être effectué, donne un classement des plages les plus fréquentées avec, par ordre d'importance, le Grau d'Agde, la Tamarissière, le Cap d'Agde et le Môle. Afin de satisfaire la clientèle, le Conseil Municipal décide l'acquisition de matériel de nettoyage des plages.

La préparation de l'aménagement du Cap d'Agde

Signe que les choses se mettent en place, un deuxième représentant d'Agde, Jean Bacci, est nommé au Conseil d'Administration de la SEBLI en avril 1966, "en raison de la taille du projet pour la commune". Le Maire, accompagné de deux Adjoints, fait alors un voyage a Paris auprès de la Mission Interministérielle pour l'Aménagement du Languedoc-Roussillon afin d'étudier le projet. C'est en août 1967 que la concession pour l'aménagement du Cap d'Agde est donnée à la SEBLI. En janvier 1968, la Ville cède à la Mission 82 Ha lui appartenant et situés dans la zone déclarée "d'utilité publique" mais pas les 21 Ha du camping de la Clape, dont le réaménagement est en cours. En échange, la Mission "aidera la Commune pour l'obtention du classement, et participera aux équipements généraux : abductions d'eau, routes, réseaux d'électricité, etc.". Sur cette base, le Dr Lapeyre, soucieux des finances de sa commune, négocie tous les équipements qui seront construits ultérieurement. La Municipalité décide par ailleurs la mise en place d'une commission d'enquête permanente pour la construction du port. La présentation officielle de l'avant-projet des architectes Le Couteur et Quilici est effectuée le 18 mars 1968. C'est un schéma qui définit la ventilation des 630 hectares: plans d'eau, voiries, parkings, réseaux d'assainissement et d'eau potable, espaces boises et espaces libres. Il est prévu 60 000 lits et le coût total est estimé a 182 millions de francs. A l'été 70, le port Saint-Martin est mis en service. Une société d'économie mixte, la SOGEBI, est créée, dont le capital est partagé entre la SEBLI, la Ville d'Agde, d'autres communes du littoral et la CCI de Béziers. La ville d'Agde investit ici 50 000 francs, se rendant détentrice de 20 % du capital. Cette SEM est chargée de gérer le tout jeune port du Cap. Il est noté dans les statuts que l'appartenance des parts ne peut revenir a la fin de l'aménagement qu'a la Ville, qui doit être majoritaire, et à la CCI de Béziers.

La requalification des campings municipaux

De nombreux investissements sont réalisés dans les campings municipaux, dans le but d'améliorer leur classification. Ainsi, en 1968, le camping de la Tamarissière passe en 2eme catégorie. Le camping de la Clape est quant à lui situé au cœur de la zone amenée à devenir la station touristique du Cap d'Agde, mais il n'est pas intégré au projet général confié à la SEBLI. Son devenir est d'être classé en 1ère catégorie (équivalent d'un 4 étoiles actuel!). Le projet retenu en 1966 comprend une capacité de 1532 campeurs, 383 emplacements dont 253 caravanes, une salle de réunion, un bureau de réception, le logement du jardin, un centre commercial, un parking et un terrain de jeux et ce, pour un montant de 1 271 401 francs majoritairement financé par l'emprunt. L'architecte de ce projet est le cabinet Le Couteur-Sampiero-Quilici, l'aménageur de la station du Cap d'Agde. Et c'est notamment ce projet novateur et représentatif du futur aménagement de la station qui a facilité l'adhésion de la Mission d'Aménagement du Littoral au choix du Cap d'Agde, alors en concurrence avec Gruissan.