Les Hôtels particuliers

Un patrimoine méconnu...

Située entre mer, fleuve et canal, Agde s'est développée à la période médiévale autour de sa cathédrale forteresse et a connu son apogée au XVIIème siècle, grâce à l'importante activité de son port de commerce. Les richesses venues de la mer ont enrichi de nombreuses familles agathoises et incité les personnes issues de la noblesse et de la haute bourgeoisie à venir faire souche à Agde. C'est de cette période faste que proviennent les Hôtels particuliers, véritables bijoux d'architecture nichés dans le cœur historique. Agde compte ainsi une vingtaine de ces demeures d'exception, dont on peut admirer les façades, et parfois les cours et escaliers, au gré des rues et ruelles du centre ancien...
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Hôtel du Viguier Trancaire

4 rue de la Placette

Hôtel particulier de style Renaissance, il fut entièrement construit en pierre de basalte vers 1600 par Nicolas Trancaire, "viguier" de son état (nom donné aux juges dans l'Ancien Régime).

Un passage couvert conduit à la cour intérieure d'où part un escalier à volées droites doté de colonnes à fûts lisses et ornementé de fenêtres à meneaux. Cet escalier débouche sur une magnifique loggia en anse de panier ouvrant sur la cour et agrémentée d'un cartouche en basalte, portant la mention "avril 1600".

Hôtel du Viguier Guérin

16 rue de la Placette

Cet hôtel particulier a été construit en 1589 par Pierre Guérin, commandant de la citadelle, écuyer et "viguier" (juge) de la ville. Il a la particularité d'être le seul hôtel particulier agathois à ne pas être construit en basalte. Son portail monumental, inscrit Monument Historique en 1965, est en effet en calcaire coquillé, matériau qui proviendrait des carrières de Bréginnes (dans les environs de Béziers).
De style Renaissance, il possède deux piliers cannelés surmontés de chapiteaux d'ordre ionique. L'ensemble est terminé par une frise constituée de 14 pierres taillées en pointe de diamant.

Hôtel Barrier

Angle de la rue et de la place de la Glacière

Cet Hôtel particulier doté d'une cour intérieure a été acquis par Pierre Barrier, riche propriétaire bourgeois, en 1592 avant que celui-ci n'en revende la quasi-totalité à son frère, Antoine, qui le transformera en superbe Hôtel particulier Renaissance. La demeure est restée dans la famille près de 2 siècles ! Aujourd'hui, la partie de la maison qui appartenait à Pierre Barrier ne fait plus partie de l'Hôtel particulier, avec lequel elle communiqua un temps...

C'est au 7 de la rue de la Glacière, que se trouve la porte d'entrée de l'édifice, qui, longtemps resté à l'abandon, a fait l'objet d'une rénovation totale, sous l'impulsion de la Municipalité, et accueille aujourd'hui 7 appartements. Outre une série de fenêtres à meneaux, le bâtiment possède un superbe escalier qui a pour particularité de posséder des colonnes de style toscan à fût lisse en basalte, alors que la rampe, ouvragée, et les piliers soutenant les colonnes, sont en calcaire coquillé.

Le Cardinal de Richelieu aurait séjourné dans cet Hôtel en mars 1642.

Hôtel d'Estella

7 rue Haute

Au départ, cet Hôtel fut la résidence secondaire de Pierre d'Estella, un riche négociant. Racheté par un autre négociant tout aussi fortuné, Augustin Barry, en 1760, il est entièrement réaménagé par son nouveau propriétaire, qui l'agrandit et l'embellit afin d'en faire un lieu de réception digne de son statut social.
Entièrement réalisé en basalte, l'escalier extérieur, qui donne sur la cour intérieure de l'Hôtel, tire son originalité de la surprenante colonne torse, enroulée de gauche à droite et taillée dans un seul bloc de basalte, qui se trouve sur le pilastre de la rampe. Cette colonne est complétée par un chapiteau circulaire et un tailloir carré. Au dessus de la colonne, on peut voir une petite toiture à deux pans, décorée de tuiles vernissées.

Sur l'une des pierres taillées, située au niveau de l'entrée d'origine des appartements privés de Pierre d'Estella, on peut admirer une très belle étoile sculptée, emblème de la famille, et qui fut conservée par Augustin Barry.

Hôtel Baldy

Plan Baldy, à l'angle de la rue Terrisse et de la place Conesa

L'Hôtel Baldy, de style Renaissance, date de 1538. Riches propriétaires fonciers, les Baldy possédaient de nombreux terrains dans la ville et ses alentours, à tel point que cet Hôtel a été construit sur ce qu'on appelait "l'îlot Baldy".

La cour intérieure possède un escalier en basalte à volées droites, caractéristique du style Renaissance, doté de colonnes à fûts lisses surmontées de chapiteaux toscans. La rampe, ouvragée, est en balsate, mais uniquement sur la première partie de l'escalier. Chaque palier est éclairé par une fenêtre à meneaux. Aujourd'hui, on y trouve plusieurs appartements.

Hôtel Albaret

5 rue Michelet

Construit en 1649, cet Hôtel particulier appartenait à Maître Antoine Albaret, notaire royal. L'entrée de l'Hôtel, le sol de sa cour ainsi que la tourelle dans laquelle est enserré un escalier à vis sont inscrits aux Monuments Historiques. Bien que d'époque Renaissance, cet Hôtel possède des réminiscences médiévales !

L'encadrement, tout comme le linteau de la porte d'entrée de la tourelle, sont décorés de superbes sculptures sur basalte : masque de félin, arbre héraldique à 7 branches, cœurs entrecroisés, losanges, palmettes et volutes. D'inspiration orientale, ces décorations lui ont valu le surnom de "porte persane".

Construite toute en pierre de basalte, la demeure s'étend de la rue Michelet à la rue Terrisse, sur plus de 13 mètres de long.

Hôtel Terrisse

7 rue Terrisse

Le Corsaire du Roi, dont on peut admirer le buste sur la partie basse de la Promenade, s'était installé ici, dans ce qui s'appelait alors la rue Montmorency, devenue en 1856 rue Terrisse. Seules la porte monumentale et les grandes ouvertures dotées de balconnets attestent que nous sommes face à une demeure importante.

Ici, la cour intérieure se trouve à l'arrière du bâtiment, à hauteur de la rue Littré. Terrisse semble avoir opté pour le style "patio espagnol", plus intime et réservé aux proches, contrairement aux autres Hôtels, dont la cour est davantage un lieu de passage ou de réception.

Longtemps resté inhabité, passablement détérioré par les ans, l'Hôtel Terrisse a retrouvé toute sa superbe en 2012, après un long chantier de réhabilitation initié par la Municipalité. Aujourd'hui, il a été transformé en un ensemble de 8 magnifiques appartements dotés de tout le confort moderne et qui sont à la location, ce que notre Corsaire au grand coeur, qui, à sa mort, a légué tous ses biens aux pauvres de la ville et fondé la "Charité Terrisse", n'aurait pas manqué d'apprécier !

Hôtel Toscan

23 rue Jean Roger

Insoupçonnable, cet Hôtel se dissimule derrière une porte au fond d'une petite entrée, nichée entre deux bâtiments de la rue Jean Roger. Pourtant, comme les autres Hôtels particuliers du Cœur de Ville, ses bâtiments sont disposés en U et s'articulent autour d'une cour intérieure.

Ici, l'escalier, remarquable, est tout en basalte. A volées droites, il se déploie sur trois niveaux, rez-de-chaussée compris. A chaque étage, des arcs brisés forment trois ouvertures, donnant des airs de loggia aux étages supérieurs. Remarquez que le nombre d'ouverture est identique au nombre de niveaux. Les colonnes à fûts lisses sont surmontées de chapiteaux toscans, ce qui a donné son nom à cet Hôtel dont les propriétaires n'ont jamais rien laissé transparaître de leur identité...

Hôtel Boissezon

27 rue Jean Roger

A l'inverse de l'Hôtel Toscan, cet Hôtel particulier, qui a été construit au XVIIème siècle par la famille de Boissezon, ne peut pas se rater ! Son double accès en fer forgé avec son grand perron est unique !

Tout en basalte et de style Renaissance, il possède un portail monumental encadré de deux piliers et terminé par un fronton dont les arcs brisés enserraient les armoiries des propriétaires. Devant l'escalier en forme de fer à cheval, qui permet d'accéder à l'immeuble, se trouve une fontaine en basalte.

Seul l'extérieur témoigne du passé du bâtiment qui, transformé en appartements comme beaucoup de ces demeures d'exception, n'a rien gardé de son ordonnancement original.

Hôtel Malaval-Laffont

22 rue de l'Amour

Cet Hôtel particulier a été construit au XVIIème siècle par Antoine Malaval, premier Consul en 1692 avant que n'en hérite Jean-Antoine Malaval, receveur du Canal du Midi et directeur des vivres des armées du Roi. L'Hôtel deviendra au XVIIème siècle, suite à un mariage, la propriété de Guillaume Laffont, capitaine d'infanterie et chevalier de l'ordre de Saint-Louis.

Sur le portail monumental, se trouve un petit "amour" en stuc, personnage aux ailes recoquillées qui a donné son nom à la rue. La cour intérieure conduit au vestibule de l'édifice, d'où part un escalier à volées droites, comprenant trois volées de marches par étage et doté de colonnes en basalte à fûts lisses surmontées de chapiteaux toscans. Des arcs en anse de panier supportent les étages et à chaque niveau, deux grandes fenêtres permettent d'éclairer l'escalier, qui n'a rien, on le voit, d'un simple objet utilitaire ! La rampe, quant à elle, est non en basalte mais en calcaire et garnie de balustres carrées. Un mélange de pierres commun à plusieurs Hôtels de la ville...

Hôtel de la Charité (Musée Agathois)

5 rue de la Fraternité

Le Musée Agathois est logé dans l'Hôtel de la Charité, oeuvre de bienfaisance fondée en 1699 par l'évêque d'Agde Monseigneur Louis Foucquet, frère de Nicolas Foucquet.

Construit tout en basalte, l'hôtel de la Charité possède toutes les caractéristiques architecturales des Hôtels particuliers agathois de cette période : le portail d'entrée est composé de deux pilastres en pierre de taille terminés par un fronton arrondi sur lequel se trouvent les armoiries de monseigneur Saint-Simon, dernier évêque d'Agde. Sur le mur de gauche de la cour intérieure, on peut voir une fenêtre à meneaux décorée de pilastres cannelés à chapiteaux d'ordre ionique.

A l'intérieur, le Musée Agathois décline l'histoire d'Agde en 27 salles, qui décrivent principalement ses traditions ainsi que ses activités viticoles et maritimes. Plusieurs reconstitutions d'intérieur montrent la vie quotidienne d'antan et l'art y tient aussi une place importante au travers de peintures (notamment celles des Frères Azéma), faïences, dentelles et mobilier, dont les pièces majeures sont celles du château Laurens, typiquement Art nouveau.

Hôtel Jordan

6 rue de la Fraternité

Face au Musée Agathois, l'Hôtel Jordan est resté, à l'inverse de beaucoup d'Hôtels qui ont été scindés en appartements, une propriété familiale.

L'Hôtel a été créé en réunissant deux maisons médiévales par Jean-Antoine de Jordan, premier Consul qui exerçait la fonction de viguier et qui avait choisi de s'établir à Agde parce que c'était la ville natale de son épouse, une certaine demoiselle... d'Estella ! La demeure restera propriété de la famille Jordan, une famille de nobles restée toujours proche du pouvoir, jusqu'au milieu du XIXème siècle. Le dernier de cette lignée de propriétaires n'est autre que Jean-Jacques Balthazar Jordan, historien local bien connu des Agathois et auteur de L'histoire de la ville d'Agde.

L'Hôtel sera ensuite morcelé puis remanié, bien loin de son ordonnancement original. Pour autant, il conserve des traces remarquables de son glorieux passé : un escalier en basalte à volées droites, décoré à sa base d'une colonne à fûts lisse surmontée d'un chapiteau toscan ; des fenêtres à meneaux ; une grande cheminée et une, plus petite, en marbre polychrome, visiblement ajoutée à la fin du XVIIème ; des plafonds à la française ou peint - sur ce dernier, on peut admirer le monogramme de Louis XIV, deux "L" entrelaçés surmontés d'une couronne ; enfin, une grande cour intérieure devenue jardin, avec son dallage en calade et son puits.

Hôtel de la Sablière

4 rue Chassefière

En 1592, avant la construction de cet Hôtel, s'élevait ici une maison qui appartenait... à la fille du viguier Pierre Guérin. Celle-ci est acquise, tout comme les dépendances voisines, par André de La Sablière, un noble agathois, en 1638 pour en faire une vaste maison de famille. L'Hôtel restera d'ailleurs la propriété de La Sablière jusqu'à la Révolution. L'ensemble sera ensuite divisé entre les héritiers et, du fait des remaniements et autres modifications qui y furent apportées dès lors, il est difficile aujourd'hui de retrouver, avec certitude, l'agencement original.

Le portail monumental de l'entrée possède deux piliers en basalte à fût lisse, ornés de pierres en bossage. La façade possède, au premier étage, de grandes ouvertures dont les clefs sculptées et les encadrements sont tous identiques. La partie sud de l'Hôtel est aujourd'hui l'atelier d'une artiste peintre, dont les appartements privés cachent une étonnante cheminée en balsate du XVème siècle, la seule de ce type et de cette période existant sur Agde !

Hôtel Dauby

Place de la Marine-quai de l'Hérault

Cette imposante demeure du XVIIIème siècle a été édifiée à côté d'un ancien moulin à huile. Construite en 1778 par Philippe Dauby, elle sera ensuite agrandie par ses fils, puis côté place de la Marine au début du XIXème siècle.

L'immeuble compte deux étages, éclairés chacun par 6 portes-fenêtres au premier et 6 fenêtres plus petites au second. Toutes ces fenêtres sont encadrées de basalte et agrémentées de superbes ferronneries, qui donnent toute son élégance au bâtiment. Seule la fenêtre située au dessus de la porte d'entrée possède un balcon, dont la ferronnerie représente pétales et volutes qui entourent deux D entrecroisés (pour Dauby).

La porte monumentale est en basalte et haute de trois mètres. Elle est encadrée par des pilastres à consoles sur lequel s'appuie le balcon. C'est dans la partie du bâtiment située côté rue Blanchard que se trouve la cour intérieure. Le vestibule, qui se termine par un arc en anse de panier, donne sur un escalier à volées droites, autrefois en basalte, qui mène aux étages. Là encore, de superbes ferronneries composent la rampe.

Côté quai, l'Hôtel Dauby s'appuie sur les vestiges d'une ancienne porte de ville, qui se trouvait sur les remparts. Ici, les ouvertures sont plus nombreuses et les ferronneries différentes, tandis que la porte d'entrée est en tout point identique.