L ephebe

L'Ephèbe ou l'Alexandre d'Agde

Découverte le 13 septembre 1964 dans le fleuve Hérault, la statue de l'Ephèbe d'Agde, grand bronze antique représente un jeune homme dans la nudité héroïque d'une hauteur de 1,33 m. Cette œuvre d'art de style grec fut nommée ainsi au moment de sa découverte, dans l'attente d'une identification plus précise.

Statue de l'EphèbeL'épaule gauche porte une chlamyde repliée dans les deux sens, laissant tomber un drapé lourd vers l'arrière qui vient s'enrouler sur l'avant-bras ; cette manière de porter ce manteau correspond au vêtement militaire macédonien. Le corps au torse élancé possède une musculature apparente et légère, en plein accord avec la jeunesse adolescente du sujet. La tête tournée sur la droite est légèrement inclinée vers l'épaule. Le visage porte une expression douce et juvénile, au profil fin et conventionnel, nez dans le prolongement du front, menton rond, pommettes hautes. Les lèvres minces et la finesse des traits laissent poindre une expression individuelle. Sur l'arrière d'une chevelure symétriquement répartie, le diadème retenant l'ensemble de la coiffure se rapproche du modèle en argent doré de la tombe de Philippe II de Macédoine, emblème royal.

L'ensemble de l'œuvre évoque le style du sculpteur Lysippe de Sicyone : son attitude, ses rapports dimensionnels, mais surtout sa coiffure et une certaine mélancolie des traits. Cet artiste a beaucoup travaillé le bronze, il s'est particulièrement intéressé aux effets gestuels, presque introspectifs ; sensible à la beauté des athlètes, il excellait dans l'art du portrait créant, tout particulièrement des effigies réalistes et sublimées d'Alexandre le Grand. Les textes antiques expliquent comment Lysippe sculptait les portraits d'Alexandre ; le cou légèrement penché vers l'épaule gauche, le regard relevé et une certaine douceur des traits. Quelques portraits d'Alexandre de Lysippe montre des similitudes avec son style la coiffure léonine du conquérant et les mèches dressées sur le front, sa jeunesse et son air rêveur. Il est difficile d'affirmer, qu'Agde possède un véritable portrait d'Alexandre exécuté par Lysippe ; la statue d'Agde figure soit Alexandre lui-même soit une inspiration d'Alexandre dans l'esprit de Lysippe. Son visage est très proche des portraits idéalisés d'Alexandre pour ne voir ici qu'une inspiration.

L'Alexandre d'Agde a été restauré au début de l'année 1967 par le Laboratoire de Jarville-Nancy. A partir de mars 1967, la statue est présentée au Musée du Louvre au côté de la Victoire de Samothrace. En 1972, elle sera à nouveau traitée au laboratoire. Après l'ouverture, en janvier 1985, du Musée d'Archéologie Sous-Marine d'Agde, un travail muséographique est entrepris afin de présenter cette œuvre majeure de notre patrimoine, selon les normes de sécurité requises. L'Alexandre d'Agde, communément appelé l'Ephèbe, est mis en dépôt par l'Etat, au Musée du Cap d'Agde en mai 1987. Depuis avril 2003, à l'occasion de l'exposition « Mystère des bronzes antiques », l'Ephèbe d'Agde est présenté dans un nouvel écrin de verre, placé dans une scénographie adaptée : gradins en face de la vitrine et ambiance sonore.

Dans le courant de l'année 2005 et 2006, une intervention du Centre de recherche et de restauration des musées de France est prévue pour remettre en place son bras gauche. Œuvre d'une valeur exceptionnelle, elle demeure -à ce jour- le seul bronze hellénistique à avoir été trouvé in situ, dans les eaux françaises.